Les appels à manifester au Togo ont peu été suivis. Le calme est revenu dans le pays. Les populations semblent éloignées des revendications d’activistes souvent basés à l’étranger.
L’« Opération Ninja », lancée par quelques activistes sur les réseaux sociaux, était-elle vraiment une fronde politique contre le pouvoir togolais, comme l’ont affirmé plusieurs médias comme RFI et France 24, priés de quitter le Togo pour des actes de désinformation ? En tout cas, si sur les réseaux sociaux, une longue liste de faux comptes issus de « fermes à trolls » ont tenté de déstabiliser Faure Gnassingbé, le président togolais, tout laisse penser à croire que l’opération avait pour but de forcer le pays à se tourner vers la Russie et l’Alliance des États du Sahel (AES). Il serait faux d’affirmer que cette opération digitale n’était qu’anecdotique. Mais il serait encore plus faux de penser que celle-ci a eu un réel impact sur le terrain. L’appel du 26 juin a surtout permis à quelques fauteurs de troubles de provoquer des scènes de violences. En-dehors de ces dernières, pour lesquelles une enquête a été ouverte, aucune mobilisation politique n’est née de l’appel à manifester.
Et c’est sans aucun doute l’enseignement de ces dernières semaines : comme l’indique Jeune Afrique, l’opposition n’a ni véritable leader ni véritable programme. On le sait depuis des années, comme nous l’indiquions déjà il y a bien longtemps : le point commun de toutes les diasporas africaines est qu’elles ont pignon sur rue dans les médias internationaux, notamment français, mais semblent ne rien peser dans leurs pays d’origine. Alors, ce qui se passe au Togo n’a eu que peu d’impact politique. Cela a simplement permis à quelques activistes togolais, depuis l’étranger, de tenter de déstabiliser le pays. Mais depuis, le calme est au rendez-vous. De quoi énerver, par exemple, la très radicale Farida Bemba Nabourema, qui déclarait : « Pendant que nous agissons, beaucoup de Togolais restent là, les bras croisés, à observer. Comme si ce combat ne les concernait pas ».
Des activistes inaudibles
Et si c’était finalement la conclusion de ces quelques jours plus agités qu’à l’accoutumée ? Et si le combat des Togolais était effectivement très différent de celui d’une partie de la diaspora, habituée à parler fort pour rien. Des sites comme 27avril critiquent, sans arrêt, le gouvernement et la présidence du Togo. Si bien qu’ils ne sont plus suivis. « Le mouvement a été inaudible politiquement, sans quelques débordements, personne n’en aurait parlé si cela n’avait pas fait de bruit sur les réseaux sociaux », fait remarquer un journaliste spécialiste de l’Afrique de l’Ouest qui explique ainsi que « la diaspora a perdu le combat des idées, n’a pas su mobiliser et porte un message flou ». Près de deux semaines plus tard, en effet, difficile de se souvenir du message porté par les activistes sur les réseaux sociaux.
Désormais, la vie normale à repris son cours. Le ministre de la Fonction publique, Gilbert Bawara, a rappelé que « l’Etat n’est pas dans une volonté de répression ou d’oppression de quelque nature que ce soit, mais est dans sa responsabilité de faire respecter la loi ». Toute la classe politique semble d’ailleurs de cet avis : il faut désormais œuvrer pour le bien du pays. Plusieurs activistes vont à contre-courant, préférant menacer que de construire une véritable opposition. Et l’opposition togolaise n’est pas épargnée : les activistes menacent jusqu’aux partis pourtant hostiles au président. « La volonté de provoquer le chaos est leur moteur, poursuit notre journaliste. Mais avec le retour au calme et la zizanie sur les réseaux sociaux, on remarque qu’il ne s’agissait que d’un coup d’éclat non suivi ». De quoi rassurer les populations sur place, déterminées à reprendre une vie normale.