Au Soudan, l’armée veut imposer ses conditions au Forces de soutien rapide. Sans respect des conditions imposées par al-Burhane, la guerre se poursuivra.
C’est un foire d’empoigne qui a débuté au Soudan. La guerre, de plus en plus oubliée, qui s’y déroule est sanglante. Et inquiète l’Union africaine. En marge du sommet d’Addis-Abeba, plusieurs réunions multilatérales se sont déroulées pour débattre du dossier soudanais. Alors que le Tchad subit un afflux massif de réfugiés, plusieurs personnalités africaines ont décidé de se pencher sur une potentielle résolution du conflit, parmi lesquelles l’ancien ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, qui est depuis trois mois envoyé spécial des Nations unies au Soudan. L’ex-Premier ministre soudanais Abdallah Hamdok s’est d’ailleurs lui aussi rendu à Addis-Abeba.
Sur place, en revanche, les discussions entre les deux camps sont au point mort. Le lieutenant-général Shams Eddine Kabashi, numéro deux de l’armée d’al-Burhane, a tenu devant ses hommes un discours offensif : « Il n’y aura aucun processus politique sans un cessez-le-feu signé selon nos conditions », a-t-il indiqué. « Nos conditions », c’est certainement le mort d’ordre, dans le camp al-Burhane. Le Soudanais ne veut pas laisser le choix au général Mohamed Hamdan Dogolo, le chef des Forces de soutien rapide (FSR), son ex-numéro 2.
Parmi les exigences de l’armée soudanaise : le retrait des FSR des zones habitées. L’intégration des paramilitaires au sein de l’armée est également, depuis le début du conflit, un des principaux désaccords des deux camps. Le clan al-Burhane verrait bien une intégration des hommes des FSR au sein de l’armée, mais pour Dogolo, cela reviendrait à perdre ce qui fait sa force de frappe.
C’est donc avant tout une solution militaire que veut trouver al-Burhane, avant même d’envisager de discuter politiquement avec son ex-allié, devenu son principal ennemi. Problème : al-Burhane ne représente plus que l’armée. Et les partis politiques, eux, se verraient bien discuter avec toutes les parties, mais refusent d’intégrer aux négociations le Congrès national d’Omar al-Bachir. Du côté d’al-Burhane, on n’est en pas encore là : « Si les exigences des forces soudanaises ne sont pas satisfaites, la guerre continuera », indique l’armée.