Lundi, l’Assemblée nationale a élu son président, un technocrate proche de Macky Sall. La séance a été émaillée de violences.
Au Sénégal, ce lundi, le spectacle a été d’une tristesse absolue. « Quand les députés foulent au pied les derniers espoirs du peuple sénégalais », titre Dakaractu ce matin. La presse sénégalaise a en effet été outrée par le comportement des élus au sein de l’Assemblée nationale. Pourtant, promettait le journal en ligne, l’élection du président de l’Assemblée « aura été la plus haletante et peut-être la plus controversée au sein d’un hémicycle ». On s’attendait à une bataille électorale. La bataille aura bien eu lieu, et elle a parfois pris des airs de pugilat. Au moment de lancer le scrutin pour le perchoir, des députés ont dénoncé des vices de forme et des violations du règlement intérieur. Avant que les débats ne dégénèrent et que la doyenne et présidente de séance, Aida Sow Diawara, ne demande aux gendarmes de sécuriser les lieux.
Mais revenons d’abord sur le vote. Car c’est certainement là le principal après les dernières législatives. Alors qu’opposition et coalition présidentielle s’étaient, ces dernières semaines, disputé la majorité absolue de l’Assemblée nationale, Benno Bokk Yakaar (BBY) a finalement réussi à rallier à sa cause l’ancien président du Parlement, Pape Diop, qui avait été élu en tant qu’indépendant. De quoi assurer à BBY une majorité absolue.
Logiquement, donc, Amadou Dame Diop a été élu président de l’Assemblée nationale. Proche de Macky Sall, le nouveau président du Parlement a été élu avec la voix de la majorité, l’opposition ayant boycotté le scrutin. Une opposition qui, pourtant, avait promis de faire de cette journée un événement. Sauf que, malgré une unité de façade, l’opposition a vu ses différents leaders se lancer dans une bataille d’égos qui pourrait lui coûter cher…
Boycott et blocus du perchoir
Car si elle n’a pas la majorité absolue, l’opposition pouvait tirer son épingle du jeu. Encore aurait-il fallu qu’elle s’accorde pour désigner un candidat unique. Malgré l’enjeu les opposants n’ont pas réussi à se mettre d’accord et ont ainsi déroulé le tapis rouge au candidat de la majorité présidentielle.
Voilà pour le vote, qui restera anecdotique. Car ce lundi, c’est plutôt la cacophonie qui restera dans les annales. Tout a débuté par un geste de Barthélémy Dias. L’opposant a tout fait pour bloquer le vote, avant que les élus de l’opposition ne jettent, chacun à leur tour, les bulletins de vote par terre à proximité de l’urne.
Une contestation violente, qui a donc été suivie du siège du perchoir, bloqué. « D’aucuns y voient un manque de respect notoire envers l’institution qu’est l’Assemblée nationale », déplore ce mardi la presse sénégalaise, qui assure que les sympathisants de Yewwi-Wallu sont aujourd’hui déçus. Après le blocus du perchoir, une vingtaine de gendarmes ont dû intervenir.
Avec quatre heures de retard et des images dignes du cirque, les opposants ont finalement quitté l’Assemblée nationale au terme d’un boycott qui ressemble plutôt à une défaite. Car ce premier test montre une fois de plus que l’opposition avance en ordre dispersé. Un mauvais signal envoyé pour la prochaine élection présidentielle.