Quatre mois après avoir annoncé des baisses sur les loyers, le gouvernement sénégalais a publié un décret sur ce sujet et créé un organisme de contrôle.
En novembre dernier, le président sénégalais Macky Sall annonçait une série de mesures contre la vie chère. Parmi ces mesures, l’une d’entre elles concernait l’encadrement des loyers. Ceux-ci, depuis 2014, ont augmenté de 200 % en moyenne à Dakar. Mais c’est tout le Sénégal qui est en réalité touché par ce phénomène. Macky Sall avait donc annoncé vouloir baisser les loyers. Une baisse qui devait être comprise entre 5 % et 20 %, selon les montants versés par les locataires.
Or, un peu plus de quatre mois plus tard, c’est la désillusion. Certes, la mesure était alléchante. Mais le marché de la location immobilière est tendu, notamment à Dakar. Et l’on voit mal les propriétaires baisser leurs loyers de leur plein gré.
Les locataires le savent d’ailleurs bien : imposer des lois pour encadrer les prix des loyers au Sénégal n’a jamais fonctionné. Il y a huit ans, un texte avait voté, qui prévoyait la baisse des loyers n’ayant pas été calculés suivant la « surface corrigée ». Objectif, à l’époque, du gouvernement : faire baisser certains loyers jusqu’à 29 %. Mais les loueurs avaient contourné les textes et profité d’un vide juridique.
Des sanctions pour les propriétaires récalcitrants
Alors, quand Macky Sall a promis, en novembre dernier, une baisse effective des loyers, il a promis des arrêtés dès la semaine suivante. Il aura finalement fallu attendre plusieurs mois avant que la mesure ne soit effective. Ce 1er mars a en effet été adopté le décret de baisse des loyers.
Que prévoit ce décret ? Comme l’avait promis le chef de l’État, la baisse des loyers se fera par échelons. De 15 % pour les loyers inférieurs à 300 000 francs CFA jusqu’à 5% pour les loyers supérieurs à 500 000 francs. Contacté par RFI, l’association sénégalaise des locataires assure que « des locataires ont peur de demander (la baisse du loyer à leur propriétaire, ndlr) par peur de représailles. L’association assure que la méthode est d’ailleurs rodée : s’ils sont obligés de baisser les loyers, les propriétaires changent de locataires et remontent les loyers de leurs biens.
Le gouvernement sénégalais veut cette fois éviter un fiasco et empêcher les fraudes. Pou ce faire, une « Commission nationale de régulation des loyers du Sénégal » a été créée. Il s’agira d’un service d’information mais également d’un organisme de contrôle. La Conarel affirme ainsi que les propriétaires qui refusent d’accepter des baisses de loyers risquent jusqu’à 6 mois de prison et une amende.