Le président tchadien Mahamat Idriss Déby a été mandaté, officieusement, par la Cedeao pour entamer une médiation avec la junte militaire qui a fait un coup d’État au Niger.
C’est un peu comme si Alassane Ouattara avait été envoyé au Sénégal pour tenter de dissuader Macky Sall de se présenter pour un troisième mandat. Ce dimanche, le président tchadien de la transition, Mahamat Idriss Déby, s’est en effet rendu à Niamey, où il a entamé une médiation avec la junte désormais au pouvoir au Niger.
Une initiative mi-officielle mi-officieuse qui interroge : lui-même accusé d’avoir fait un « coup d’État institutionnel » au lendemain après la mort de son père Idriss Déby Itno, Mahamat Idriss Déby n’est ni président d’un pays membre de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), ni un civil. Peut-il, dans ce cas, vraiment être le médiateur dans un tel dossier ?
C’est en tout cas l’avis du président nigérian Bola Tinubu, depuis peu président de la Cedeao. Le président tchadien s’est rendu au sommet de la Cedeao avant d’être envoyé par Tinubu au Niger. Mais Mahamat Idriss Déby « n’a pas un mandat spécial acté de la Cedeao », précise le porte-parole du gouvernement tchadien. Déby aurait rencontré les militaires en place depuis le coup d’État, le président renversé Mohamed Bazoum et l’ex-président Mahamadou Issoufou.
En attendant les résultats des médiations — avant Déby,le président béninois Patrice Talon avait lui aussi entamé des discussions —, la Cedeao a lancé un ultimatum à la junte nigérienne. Les militaires ont une semaine pour rétablir « l’ordre constitutionnel », sans quoi un « recours à la force » n’est pas exclu. Cela serait une première, ces dernières années, la Cedeao, concernant les dossiers malien, guinéen et burkinabè, s’étant jusqu’alors contentée de sanctions.
Le Niger a, très rapidement, été ciblé par des sanctions équivalentes, avec la fermeture des frontières, le blocage des vols en direction du Niger, ou encore la suspension des transactions commerciales avec le Niger et un gel des avoirs bancaires.
Le Niger a-t-il reçu un traitement particulier ? Les sanctions ont en tout cas été très rapides. Mais surtout, l’intervention de Mahamat Idriss Déby étonne : s’il a longtemps été dans les petits papiers de la France, le militaire tchadien est lui aussi arrivé au pouvoir par la force. Surtout, depuis deux ans, Mahamat Idriss Déby a nommé plus de généraux à des postes importants que son père en trente ans.