Au Mali, on ne badine pas avec l’armée

Le colonel Alpha Yaya Sangaré, auteur d’un ouvrage critique sur l’armée malienne intitulé “Mali : défi du terrorisme en Afrique”, a été arrêté à son domicile à Bamako.

Sans mandat d’amener, le colonel Sangaré a été appréhendé à son domicile bamakois. Une source militaire justifie cette arrestation en soulignant que, en tant que militaire, les règles de discipline prévoient une telle mesure sans nécessité de mandat. Cette action fait suite aux critiques émises par le ministère de la Défense à l’encontre de l’auteur suite à la publication de son livre.

Plusieurs passages du livre du colonel Sangaré ont suscité des réactions négatives de la part de la hiérarchie militaire. Notamment, des références à des rapports d’organisations internationales de défense des droits de l’homme mettent en cause les Forces de défense et de sécurité (FDS) pour des exactions présumées contre des personnes accusées de terrorisme. L’auteur se défend en expliquant que son livre est largement basé sur sa thèse de doctorat et qu’il a utilisé le conditionnel pour rapporter les propos des organisations citées.

Lors de la séance de dédicace de son livre, le colonel Sangaré a été accompagné par un autre colonel, Abdoulaye Maïga, ministre d’État et ami de promotion. Cependant, face à la polémique suscitée par l’ouvrage, le ministre a pris ses distances dans un communiqué, soulignant ainsi les tensions et les divisions au sein de l’armée malienne et de la société.

L’arrestation du colonel Alpha Yaya Sangaré pour son livre critique sur l’armée malienne met en lumière les enjeux de la liberté d’expression et de la responsabilité des militaires dans la démocratie. Cette affaire suscite des débats passionnés quant aux limites de la critique au sein des institutions militaires et à la nécessaire transparence dans la lutte contre le terrorisme en Afrique.