Au Gabon, les lycéens et collégiens ne totalisant pas respectivement 11 et 12 sur 20 de moyenne n’auront pas le droit à la bourse promise par le nouveau régime.
C’était une des mesures les plus attendues par la jeunesse gabonaise. En 2017, le régime d’Ali Bongo avait plus ou moins supprimé la bourse pour les élèves dans le besoin. Dans les faits, de grosses sommes étaient cependant attribuées aux missions et programmes de l’Éducation nationale — 200 milliards de francs CFA par an, en 2017 et 2018 —, mais personne ne savait dire si des bourses étaient toujours attribuées. Du côté des élèves des lycées et collèges, on assurait en tout cas ne plus percevoir d’argent de la part des autorités. Un flou qui faisait donc penser que la bourse, attribuée aux élèves totalisant une moyenne de 10 sur 20, avait été tout bonnement supprimée.
En 2022, le débat sur la bourse était réapparu au moment d’une annonce présidentielle. Ali Bongo avait été prié de rétablir cette bourse de 24 000 francs CFA « suspendue pour on ne sait quelles raisons ». En réalité, le Gabon assurait alors dépenser plus de 72 milliards de francs par an pour les bourses, avec un budget conséquent alloué aux étudiants gabonais inscrits à l’étranger. Le gouvernement prévoyait alors de « revoir les modalités d’attribution » et d’« encourager les études professionnelles que nous allons financer en adéquation avec les besoins réels du marché du travail ».
Un peu plus d’un an plus tard, en septembre dernier, le général Brice Clotaire Oligui Nguéma, nouvel homme fort du pays, a promis dans son discours d’investiture de payer de nouveau une bourse aux élèves, promettant d’ailleurs qu’il n’y aurait plus de conditions à celle-ci. Problème : la mesure est désormais effective, mais avec une condition plus drastique qu’auparavant : il faut aux élèves une moyenne de 12 sur 20 au collège et de 11 sur 20 au lycée pour en bénéficier.
De quoi provoquer la colère des élèves, qui ont été nombreux à manifester dans les rues de Libreville, mais également d’autres localités telles que Koula Moutou, Franceville et Moanda. D’autant que les élèves pensaient pouvoir toucher leur dû la semaine dernière, avant de connaître les changements de conditions d’obtention.
Du côté du gouvernement, le discours est tout autre. Laurence Ndong, la porte-parole du gouvernement, se félicite que la bourse ait été rétablie « en quatre mois seulement », et ce « malgré la crise ». Le gouvernement demande « un effort » aux élèves. L’Etat gabonais devrait, cette année, dépenser 12 milliards de FCFA pour les bourses. Soit six fois mois que sous Bongo.