Au bénéfice d’un accord déséquilibré, le diamantaire De Beers a longtemps profité de son monopole au Botswana. L’État a décidé de revoir son contrat avec le conglomérat sud-africain.
La société Anglo American, propriétaire du diamantaire De Beers, a dû lâcher du lest, face à la pression du Botswana. Il n’a pas été facile pour le groupe sud-africain basé au Royaume-Uni de mettre fin à une partie de ses privilèges. Pourtant, la situation a longtemps été anormale. Outre des avantages fiscaux importants — De Beers ne paie que 15 % de taxes sur ses revenus au Botswana —, l’entreprise recevait 75 % des diamants bruts du pays, le Botswana seulement 25 %. La faute à un accord mal négocié, qui prenait fin en juin 2023.
Le gouvernement du Botswana est donc rapidement, ces derniers mois, entré en négociations avec le conglomérat. Et jusqu’au dernier moment, le suspense a été de mise, pour que, finalement, un « accord de principe » soit trouvé dans la nuit du 30 juin au 1er juillet.
Le Botswana a dû jouer des coudes pour faire plier De Beers. Une nouvelle fois. Car déjà en 2020, le pays avait dû mettre la pression sur le groupe sud-africain qui, à l’époque, empochait non pas 75 % des diamants bruts du pays mais 90 %.
La compagnie minière De Beers, outre la situation de quasi-monopole, détient d’ailleurs en réalité plus de parts de marché, puisqu’elle est actionnaire à 50 % dans les deux entreprises publiques majeures du secteur, à savoir Diamond Trading Company Botswana (DTCB) et Debswana.
Comment, en 2011, un tel accord avait pu être signé ? Douze ans plus tard, en tout cas, le président botswanais, Mokgweetsi Masisi, qui n’est arrivé au pouvoir qu’en 2018, a tout fait pour faire modifier le contrat. Il avait indiqué au diamantaire qu’il poursuivrait sa collaboration avec lui seulement si « une situation gagnant-gagnant » était trouvée. Il avait également annoncé un accord pour prendre une participation de 24 % dans le fabricant belge de diamants HB Antwerp.
Le nouvel accord passé entre le Botswana et De Beers est en tout cas plus équitable. Il courra sur les dix prochaines années. Mais De Beers est encore certain de pouvoir exploiter les diamants pour le quart de siècle à venir. Le Botswana a cette fois obtenu 30 % de la production de diamants pour la vente, via la société d’État Okavango Diamond Company. Un pourcentage qui montera même à 50 % la dernière année du contrat, soit en 2033.