Appelés aux urnes pour élire leur président, les Angolais ont le choix entre le parti au pouvoir depuis 1975 et une opposition virulente. Pour la première fois depuis près d’un quart de siècle, le scrutin semble incertain.
Son bilan est contesté. Au moment où les Angolais sont appelés à se rendre aux urnes, João Lourenço ne sait pas vraiment si, demain, il sera encore président. Il faut dire que, depuis son arrivée il y a cinq ans au pouvoir, à la place de José Eduardo dos Santos, Lourenço tente de redresser la barre. Après des décennies de corruption et avec un cours du baril de pétrole qui n’a cessé de baisser, le président angolais a bien eu du mal à mettre les indicateurs dans le vert. Conséquence : la dette extérieure de l’Angola a augmenté de 10 milliards de dollars en 2006 à 60 milliards en 2020 et le taux de pauvreté n’a que trop peu baissé.
Lourenço n’est donc, aujourd’hui, pas assuré de remporter la présidentielle angolaise. D’autant qu’il a, face à lui, huit opposants prêts à en découdre. Parmi eux, Adalberto Costa Júnior, le leader de l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita). D’après les rares sondages, le scrutin devrait être serré. Et pour la première fois depuis 1975, le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) pourrait perdre une élection présidentielle.
Interrogé par RFI, le politologue Nelson Domingos montre à quel point le MPLA a pu être déstabilisé par l’Unita. « Récemment, le président a qualifié des membres de la société civile de bandits. Il a aussi surnommé le président de l’Unita ‘le coq blanc’, parce qu’il est métis. C’est raciste. Quand il n’y a plus de créativité, plus d’idées, le débat politique disparaît et laisse place à la violence, aux manipulations et aux fausses informations ».
Vers des troubles post-électoraux ?
C’est un peu le résumé de la campagne, qui a été plus âpre que lors des derniers scrutins. Pour Costa Júnior, c’est le moment pour le MPLA de passer la main, car l’heure des comptes a sonné. Le candidat de l’opposition a d’ailleurs fait une campagne parfaite, jouant de sa verve pour galvaniser ses troupes et les déçus du régime au pouvoir depuis 1975.
Parmi les chevaux de bataille de Costa Júnior, la corruption, qui gangrène l’Angola depuis trop longtemps. L’opposant numéro 1 à Lourenço déplore notamment les tricheries à venir de la Commission nationale électorale (CNE), comme toujours acquise au parti au pouvoir, mais aussi des irrégularités déjà remarquées dans le fichier des électeurs ou dans le processus de vote.
Forcément, dès ce mercredi, des fraudes seront dénoncées par l’opposition. L’Unita a déjà prévu de faire son propre dépouillement et d’annoncer ses propres résultats. Ce qui, forcément, devrait donner lieu à des contestations dans les prochaines heures.
Reste que malgré la difficulté de dégager un favori clair, le parti au pouvoir pourrait bien éviter la déroute grâce à une machine bien huilée. Outre une base électorale toujours fidèle, le MPLA dispose d’un soutien de l’armée. Le président en exercice a déjà prévenu les 14 millions d’électeurs qu’il faudrait respecter les résultats des urnes, quand l’Unita risque de ne pas se laisser faire.