En Guinée, le pouvoir de transition demande le retour d’exil d’Alpha Condé. Depuis fin mai, l’ancien président est basé en Turquie.
Alpha Condé va-t-il revenir en Guinée ? Exilé depuis le 21 mai dernier, l’ancien président pensait être en sécurité en Turquie. Le 21 mai dernier, une véritable opération d’exfiltration avait eu lieu : aidé par le conglomérat turc Albayrak, Alpha Condé avait pu trouver un avion affrété par ce dernier, qui l’avait alors emmené jusqu’en Turquie. Depuis, l’ex-chef de l’État est libre de ses mouvements. Il a même reçu, lors des vacances du président congolais, Denis Sassou N’Guesso.
Mais Mamadi Doumbouya, qui avait laissé l’ancien président aller se soigner aux Émirats arabes unis, ne porte pas dans son cœur Alpha Condé. Surtout depuis la fuite d’un enregistrement dans lequel il invite son ancien parti à se réveiller. Condé était sous étroite surveillance, à Conakry. Il a finalement échappé à la vigilance du pouvoir pour se sauver. La junte guinéenne semblait avoir laissé tomber le cas Condé pour se concentrer sur les affaires courantes. Mais un article de Jeune Afrique, un magazine proche d’Alpha Condé, les militaires sont entrés dans une colère noire : ils veulent bien qu’Alpha Condé vive à l’étranger, mais désirent que celui-ci reste discret.
Pourparlers à venir
Or, le fait qu’Alpha Condé s’épanche dans la presse, en tant qu’informateur, a provoqué l’envie de Conakry de faire revenir l’ex-président. Et le 7 septembre, Albayrak a donc reçu la visite des militaires. Selon la presse locales, le pouvoir guinéen a laissé trois jours au conglomérat pour organiser le voyage retour d’Alpha Condé. Mais celui-ci est toujours, aujourd’hui, en Turquie.
Le président de la transition Mamadi Doumbouya n’a, pour le moment, pas lancé de grande offensive diplomatique. Ses exigences envers la société Albayrak n’ont, pour l’instant, pas donné lieu à des discussions directes avec Ankara sur le sujet.
Or, si Alpha Condé ne revient pas dans son pays, Doumbouya devra certainement passer par Recep Tayyip Erdoğan. Le président turc a forcément validé l’exfiltration d’Alpha Condé. Et il est assez solide pour ne pas céder aux revendications du régime guinéen.
Reste que la diplomatie turco-guinéenne risque de souffrir de ces épisode. Des pourparlers vont forcément être entamés par les deux pays. Et Erdoğan pourrait bien accepter de renvoyer Condé vers d’autres contrées pour ne pas fâcher Conakry. Des sources proches de la Turquie assurent que l’ambassadeur turc en Guinée devrait prochainement rencontrer la junte militaire. Le président du Congo-Brazzaville pourrait également intervenir, après sa rencontre avec Alpha Condé il y a quelques semaines.