Les feux de forêt en Kabylie ont fait 71 morts, dont 28 militaires. Ce jeudi, Abdelmadjid Tebboune a annoncé l’arrestation de 22 personnes et rappelé l’importance de l’unité nationale.
Les incendies de forêt dans les montagnes boisées de l’est de l’Algérie ont fait au moins 71 morts depuis lundi. Alors qu’une intense vague de chaleur a également déclenché des incendies meurtriers, notamment en Tunisie en Grèce et en Turquie, les incendies en Algérie seraient « d’origine criminelles », selon les autorités locales. Le président Abdelmadjid Tebboune a annoncé trois jours de deuil national.
Après que les forces de l’ordre ont interrogé trois personnes dans les villes de Médéa et Annaba, la tension a grimpé d’un cran dans les régions sinistrées. Jamal Ben Ismaïl, accusé d’être un pyromane, a été lynché par la foule à Tizi Ouzou. Le jeune homme avait pourtant participé aux opérations de sauvetage aux côtés des secours. Le président algérien a, de son côté, annoncé les arrestations de 22 suspects.
Les médias algériens ont diffusé des images montrant l’élan de solidarité des habitants avec les régions touchées. De nombreux citoyens se sont rendus dans les villes dans lesquelles des incendies se sont déclarés pour offrir leur aide. Plusieurs pays ont aussi envoyé des avions bombardiers d’eau, pour aider à atténuer le brasier. Le Maroc a proposé à l’Algérie d’envoyer deux Canadair.
Des incendies criminels ou dus à la sécheresse ?
Entre lundi et mardi, les autorités ont dénombré près de 90 incendies dans l’est algérien. Face à la dangerosité de la situation, dans un premier temps, l’armée a été déployée. Plusieurs soldats ont donné leur vie pour aider les civils à se mettre en sécurité. L’un de ces soldats aurait sauvé plus de 100 personnes. Les images, qui ont fait le tour du monde, montrent le jeune militaire aspergeant les flammes d’eau et criant aux civils de fuir.
« Les soldats morts en sauvant les civils sont des martyrs », a tweeté le président Tebboune. Une femme de 92 ans, vivant à Ait Saada, rappelle que la dernière fois où la Kabilye a connu de tels incendies remonte à 1961, lorsque les troupes coloniales françaises avaient bombardé la région au Napalm.
Outre les 43 civils et 28 soldats tués, plusieurs dizaines de personnes sont aujourd’hui hospitalisées. Les responsables de l’Etat se sont déplacés sur le front. Parmi eux, plusieurs élus et le Premier ministre Aïmene Ben Abderrahmane. Ce dernier a déclaré que les incendies étaient « très synchronisés », ajoutant que « tout porte à croire qu’il s’agissait d’actes criminels ».
Le ministre de l’Intérieur, Kamel Beljoud, a confirmé ses doutes à la télévision nationale : « Autant d’incendies en même temps dans la même région ne peuvent pas être dus au hasard ». Des déclarations qui tranchent avec celles des climatologues, qui avaient assuré que les incendies étaient dus à la chaleur et la sécheresse.
Unité nationale et solidarité internationale
Ce vendredi 13 août, les autorités et les bénévoles algériens continuent de combattre les incendies. L’élan de solidarité national s’est mis en place, le président Tebboune appelant à « préserver l’unité nationale et faire face aux ‘virus’ qui cherchent à diviser les citoyens ». Le chef de l’Etat s’est voulu vindicatif, appelant à ne « pas tomber dans le piège de ces deux organisations terroristes. 1,5 millions de martyrs sont tombés pour l’unité nationale. Ceux qui chercheront à l’ébranler le paieront cher ». Le président accuse, sans les nommer, le parti Rachad et le Mouvement d’autodétermination de la Kabylie (MAK).
Le président Tebboune a décidé de faire appel au soutien international. Une première pour le chef de l’Etat algérien. Cinq avions bombardiers d’eau sont arrivés du Canada et de Suisse. Du côté français, l’envoi de deux Canadairs a été annoncé dans la soirée d’hier. Les autorités françaises expliquent ce retard par la priorité des incendies en Grèce. La Turquie et la Libye ont présenté leurs condoléances. Quant à la Tunisie voisine, l’incendie s’est étendu sur son territoire. Actuellement, l’armée, la gendarmerie et la protection civile tunisiennes tentent de maitriser la catastrophe de leur côté.