Plus de 440 millions d’Africains musulmans se préparent pour le mois de ramadan. Avec des mesures sanitaires plus ou moins strictes selon le pays, beaucoup de paramètres détermineront le bon déroulement de cette période.
Le continent africain compte 45 % de musulmans, soit le tiers des musulmans du monde. Le jeûne du mois de ramadan est l’un des cinq piliers de l’islam, et le mois saint est porteur d’un esprit de solidarité entre tous les Africains. En 2020, ramadan s’est déroulé en pleine crise pandémique de la Covid-19. Les mesures sanitaires étaient restrictives et plusieurs activités culturelles et religieuses phares du ramadan ont été perturbées. Selon les pays, 2021 pourrait être similaire. Pour certains plus rigide, pour d’autres plus accommodant.
Lors de la messe de Pâques du 4 avril, le pape François a adressé ses vœux aux musulmans d’Afrique à l’occasion du ramadan : « A peine le jeûne des chrétiens terminé, débutera la semaine prochaine le mois de ramadan. Mis à profit par les musulmans pour fortifier leur foi, à travers la pénitence et le partage », a annoncé le pape, qui a aussi insisté sur son souhait que cessent les violences en Afrique.
« Du Mali au Burkina Faso, du Niger au Nigéria en passant par la Côte d’Ivoire et désormais au Mozambique, l’hydre terroriste se déploie vers les régions côtières où elle vient de frapper un grand coup avec la prise », a-t-il déploré. « Une fois de plus, on priera pour la fin du terrorisme et de la pandémie du Covid, mais aussi pour la paix sur la planète », a conclu le pape.
En France, à Rennes, ce matin du 12 avril, des tags racistes ont été dessinés sur les murs d’une mosquée. Deux jours plus tôt, la porte d’une mosquée à Nantes a été incendiée par un néonazi.
En Inde, les autorités régionales du Nord et de l’Est du pays craignent que la vague de violence antimusulmane du dernier ramadan ne reprenne cette année. Le centre culturel Jamaat Tabligh de New Delhi a déclaré : « Nous craignons que la violence, le boycott des boutiques et les discours haineux de mai 2020 ne refassent leur apparition cette année ».
En Afrique, en revanche, les musulmans n’ont pas à craindre la violence religieuse. Dans les pays africains musulmans surtout, le Ramadan est un mois de prière et de fête, où la plupart vivent la nuit.
Prières, surconsommation et espoirs
Les aspects religieux et socio-économiques du ramadan sont multiples en Afrique, et le contexte sanitaire a beaucoup influé sur le déroulement du ramadan de l’année dernière. L’une des questions, purement théologique, qui se s’est posée cette année a été le vaccin anti-Covid. Ce débat a été vite réglé par les érudits et imams du monde entier, l’administration du vaccin pendant le Ramadan n’invalidant selon eux pas le jeûne.
D’autres aspects, comme la surconsommation, les prières nocturnes des Tarawih, du Qiyam et du Tahajjud, ainsi que les manifestations culturelles comme le Dhikr, les spectacles de chant et autres, dépendront des restrictions mises en place par les différents pays.
En Egypte, les familles se sont rendues aux marchés pour faire le plein de denrées alimentaires. Selon un reportage d’africanews, l’atmosphère y est détendue, et les Egyptiens sont optimistes malgré la crise économique et la pandémie. Il n’y aura pas de prières nocturnes non plus. En Algérie, les lieux de culte seront ouverts jusqu’à la rupture du jeûne, pas de prières nocturnes donc. Il semble que les Algériens aient également intégré la distanciation sociale qui accompagne ces limites. Idem pour la Tunisie. Au Sénégal, c’est un ramadan normal qui s’annonce, malgré la crise économique. C’est dans une ambiance d’optimisme prudent que les Sénégalais accueillent ce mois.
Au Mali, les produits alimentaires ont enregistré une hausse qui atteint les 40 % pour la plupart des produits, à l’exception du riz et de l’huile. Au Niger, c’est l’interdiction des prières nocturnes qui cause un réel souci. Au niveau de la consommation, l’offre généreuse de l’Algérie, de 58 tonnes de denrées alimentaires, a beaucoup aidé le nouveau gouvernement de Bazoum à éviter le drame social. Enfin, au Maroc, la reprise du couvre-feu a suscité la colère d’une bonne majorité de la population.
Mais ramadan n’est pas seulement un mois de subsistance et de prière. Une spécificité nord-africaine, qui a trouvé de l’écho en Afrique subsaharienne, est celle de la consommation médiatique. Les « feuilletons du ramadan » sont plébiscités chez les familles maliennes, nigériennes, sénégalaises, somaliennes, tchadiennes et autres.
Entre tous ces aspects, ramadan est aussi un mois de paix et d’entraide, et tous les Africains, sans distinction, espèrent qu’il sera de bon augure pour la paix en Afrique.