Le 6 août août dernier, l’ancien président sud-africain Jacob Zuma a été hospitalisé. Officiellement, il s’agissait d’un contrôle de routine. La justice réclame une contre-expertise médicale.
Son audience devait avoir lieu le 10 août dernier. Emprisonné pour outrage à la justice, l’ancien président sud-africain Jacob Zuma s’était rendu de lui-même à la police. Après une première audience en visioconférence consacré à cette première affaire, la suivante devait avoir lieu physiquement et publiquement, à propos de faits supposés de corruption et de blanchiment d’argent. La Haute cour de Pietermaritzburg a finalement reporté le procès au début du mois de septembre prochain. Mais l’hospitalisation de l’ex-chef de l’Etat était-elle réelle ou entre-t-elle dans la stratégie du camp Zuma, qui a mis en place une « défense de Stalingrad » depuis le début des auditions.
Les partisans de Zuma, sa famille et ses amis, assurent que l’ex-président devait bien se rendre à l’hôpital. Ils dénoncent les conditions difficiles de son incarcération et rappellent les problèmes de santé dont souffre le dirigeant politique, ainsi que son âge avancé — 79 ans. De leur côté, la semaine dernière, les autorités carcérales ont assuré que le passage de Zuma à l’hôpital se faisait dans le cadre d’une « observation de routine ». Pour les détracteurs de l’accusé, tout cela ressemble étrangement à une stratégie.
Le département des services correctionnels assure dans un communiqué que « toute personne détenue, y compris tout prisonnier condamné, a droit à des conditions conformes à la dignité humaine. Y compris une observation médicale régulière ». La justice ne pouvait donc pas empêcher Jacob Zuma d’être envoyé à l’hôpital pour un contrôle de routine. La fondation de l’ancien président, si elle a appelé à « ne pas s’alarmer », confirme de son côté le « contrôle de routine ».
Can we change this to Zuma strategy?👇🏽
Stalingrad legal defense is a strategy used by a defendant to wear down the plaintiff/legal proceedings by appealing every ruling unfavorable to the defendant and using whatever other means possible to delay proceedings #ZumaTrial #DaliMpofu— Anzo (@Anzo26) July 19, 2021
Une demande de contre-expertise médicale
Outre la peine de prison qu’il purge actuellement, Zuma est visé dans deux affaires distinctes. Il est accusé d’avoir perçu des fonds de la part de la société d’armement française Thalès. Dans cette affaire, plusieurs parties seraient impliquées, à savoir de hauts responsables du gouvernement sud-africain, mais aussi les anciens présidents français Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Une autre affaire attend toujours une comparution de Zuma devant la justice : celle du détournement de fonds publics et de blanchiment d’argent, dans laquelle les frères Gupta, patrons de l’empire politico-financier du même nom, sont également accusés. Deux affaires sensibles.
Alors que la défense s’appuie sur le secret médical pour ne pas avoir à divulguer la cause réelle de l’hospitalisation de Jacob Zuma, le juge Piet Koen vient d’ordonner une contre-expertise médicale. L’Etat sud-africain devra désigner un médecin de son choix pour examiner l’ancien président. « La lettre du médecin n’identifie pas du tout la pathologie dont il souffre, et dit de manière assez perplexe, qu’il s’agissait d’un état qui a nécessité des procédures d’urgence étendues, qui ont été retardées de 18 mois », indique l’avocat du Ministère public, qui semble sceptique quant à la réalité des soucis de santé de Jacob Zuma. Les conclusions de la contre-expertise doivent être rendues le 20 août prochain. On saura alors si Jacob Zuma est apte à participer à son procès ou si ce dernier devra une nouvelle fois être reporté.