Le Togo a embauché un cabinet de lobbying pour tenter d’obtenir des aides américaines. Mais au vu de la situation à Lomé, cela risque d’être peine perdue.
Le rêve américain tournera-t-il au cauchemar pour le président togolais ? Selon Africa Intelligence, Faure Gnassingbé vient en effet de s’adjoindre les services d’un cabinet de relations publiques américain, JDA Frontline Partners, pour lancer une opération de lobbying en sa faveur à Washington. Objectif affiché : bénéficier de certains dispositifs d’accompagnement, comme Prosper Africa ou le Global Fragility Act. Autrement dit, bénéficier des aides financières de Washington.
Problème : entre les Etats-Unis et le Togo, ce n’est pas l’amour fou. Et ce n’est pas la réforme constitutionnelle engagée par le président togolais qui améliorera les relations entre les deux pays. On le sait, Washington s’appuie sur un « chantage à la démocratie » pour délivrer des fonds aux pays africains. Les Etats-Unis ont par exemple lancé des sanctions contre l’Ouganda qui avait fait voter une loi anti-LGBT. Nul doute que le bricolage de sa Constitution par le président Faure Gnassingbé risque de réduire considérablement les chances de Lomé d’obtenir une place dans les dispositifs américains.
L’opération séduction s’annonce déjà comme un fiasco, alors que la Maison-Blanche a demandé au président togolais, après l’annonce de la réforme constitutionnelle, que « la situation actuelle soit réglée pacifiquement et démocratiquement » et que le chef de l’Etat revienne « clairement » sur ses intentions de rester l’homme fort du pays sans passer par le suffrage universel direct.
Début 2020, Lomé avait par ailleurs accusé les Etats-Unis d’« ingérence », après que l’ambassade américaine au Togo avait demandé au gouvernement togolais de publier les résultats de la présidentielle bureau de vote par bureau de vote. Les deux pays s’étaient répondu par médias interposés, alors que lors de la campagne, les membres d’une ONG financée par George Soros avaient été arrêtés et leurs ordinateurs confisqués.
Est-ce une bonne idée de se tourner vers son meilleur ennemi ? Assurément pas. Mais l’attrait financier met toute considération politique de côté. Lors du Sommet Etats-Unis-Afrique de décembre 2022, le président Biden avait affirmé que « les Etats-Unis s’engagent pleinement envers l’Afrique ». Or, Lomé ne veut pas passer à côté d’une manne financière importante. Sauf que, par exemple, la Loi sur la croissance et les opportunités en Afrique (AGOA) conditionne le déblocage de fonds à l’État de droit, au respect des droits humains et à la lutte contre la corruption. Autant dire qu’il sera difficile pour le Togo de plaider sa cause de l’autre côté de l’Atlantique.