Le parti de l’ancien président sud-africain Jacob Zuma, uMkhonto weSizwe (MK), est autorisé à participer aux élections générales, malgré une tentative de l’ANC de le faire interdire.
Encore un nouveau coup dur pour l’ANC. Après un nouveau scandale de corruption, le parti présidentiel, déjà bien mal embarqué pour les élections générales sud-africaines, vient de subir un revers qui pourrait lui coûter cher. Le Congrès national africain de Cyril Ramaphosa semble inquiet du retour politique de Jacob Zuma. L’ancien président, qui a récemment appelé à voter contre le parti ANC, est aujourd’hui dans la ligne de mire du président sud-africain, qu’il accuse d’être « le relai du capitalisme monopolistique blanc » et d’avoir « déclaré la guerre aux intellectuels et aux professionnels noirs progressistes ».
Cyril Ramaphosa le sait : Jacob Zuma pourrait participer à sa chute, comme il a déjà accéléré la chute de Thabo Mbeki en 2008. À l’aube des élections générales, le président sud-africain use donc de tous les artifices pour tenter d’empêcher la formation politique de Zuma de participer au scrutin. L’ANC a notamment, ces dernières semaines, tenté de faire radier le parti uMkhonto weSizwe (MK) auprès de la Commission électorale indépendante (CEI). Le Congrès national africain reprochait notamment au MK d’utiliser le nom et les logos dont l’ANC était propriétaire. Le directeur général adjoint de la CEI, Mawethu Mosery, selon l’ANC, avait approuvé la candidature du MK sans avoir le pouvoir décisionnel.
La stratégie de l’ANC démasquée par la justice
Une tentative vaine de faire taire le MK, puisque le tribunal électoral en a décidé autrement. Ce mardi, la justice sud-africaine a indiqué que Mawethu Mosery avait bel et bien légalement le droit d’enregistrer le parti MK pour les élections. La formation uMkhonto weSizwe satisfait même à toutes les exigences légales, selon le tribunal qui, en outre, a estimé que l’ANC avait dépassé les délais pour son recours.
La stratégie de l’ANC a été lue par le tribunal, qui a compris que l’objectif était d’empêcher le MK de participer aux élections. Le juge a estimé que prendre en compte le recours de l’ANC porterait préjudice au parti de Jacob Zuma. « Si la demande de l’ANC est acceptée, il sera trop tard pour que le parti MK puisse se réinscrire et se présenter aux élections », a résumé le juge.
Pour Jacob Zuma, qui tentera de barrer la route à l’ANC, c’est en tout cas une première victoire face à son ancienne formation. Ramaphosa ne prend pas la menace à la légère. C’est la première fois, en Afrique du Sud, qu’un ancien président se présente contre le président sortant. Le MK réunit les mécontents du président Ramaphosa. Et ils sont nombreux, comme les observateurs ont pu le voir récemment à Durban, où des manifestations organisées par le parti d’opposition Action SA, de l’ancien maire de Johannesburg, Herman Mashaba, contre la détérioration des services publics, ont réuni des milliers de personnes.