Sans Abdel Hamid Dbeibah, désormais isolé, les trois principaux organes législatifs libyens ont décidé de nommer un gouvernement unifié dans les semaines à venir.
Un accord tripartite historique a été conclu le dimanche 10 mars au Caire, sous l’égide de la Ligue arabe, ouvrant la voie à la possible formation d’un gouvernement unifié en Libye pour remplacer les deux entités actuellement en place. Cet accord vise à organiser les élections tant attendues dans le pays.
Les trois principaux organes législatifs libyens, à savoir le Conseil présidentiel, le Haut Conseil d’État et la Chambre des représentants, ont finalement convenu d’isoler le Premier ministre Dbeibah. Cependant, ce dernier refuse de céder le pouvoir, sauf à un gouvernement désigné après des élections.
La situation économique précaire de la Libye ces derniers mois, marquée par la dévaluation du dinar face au dollar et les dépenses publiques excessives du gouvernement Dbeibah, ont probablement contribué à la perte de popularité du Premier ministre dans l’ouest libyen.
L’envoyé spécial de l’ONU à côté de la plaque ?
Son entourage et ses soutiens, à l’exception de sa famille présente dans l’appareil d’État, l’ont abandonné, notamment Al-Seddik al-Kabir, le gouverneur de la Banque centrale, entraînant un affrontement sur fond de crise financière.
Ces éléments ont conduit à l’accord du 10 mars au Caire visant non seulement à former un gouvernement restreint capable de mener le pays vers des élections mais aussi à relancer les pourparlers politiques, unifier les institutions souveraines et établir un cadre juridique pour ces élections. Ce rapprochement fait suite à une entente début mars à Tunis entre 120 membres des deux chambres du Parlement libyen, ouvrant ainsi la voie à la réunion au sommet du Caire.
Cependant, malgré ces avancées, il reste encore beaucoup à faire avant la mise en place d’un gouvernement d’union nationale qui ne devrait pas voir le jour avant la fin du ramadan.
Qu’en pensent les Nations unies ? Abdoulaye Batilly, envoyé spécial de l’ONU en Libye, a exprimé son accord avec les conclusions de cette réunion. Mais il jette un peu plus d’huile sur le feu en proposant une table de dialogue quadripartite en présence… du Premier ministre de Tripoli Abdelhamid Dbeibah. Une proposition catégoriquement rejetée par le camp de l’est libyen. Preuve que la communauté internationale ne pèse presque plus rien en Libye, où la résolution de la crise est désormais l’affaire de la Ligue arabe et des autorités libyennes elles-mêmes.