Après la rébellion de Wagner en Russie, Moscou a tenu à préciser que cela ne changerait rien dans ses relations avec le Mali et la République centrafricaine.
L’accord signé était « un accord de défense avec la Russie et non avec Wagner ». Au lendemain de la rébellion des paramilitaires de Wagner en Russie, plusieurs pays africains ont tenu à préciser quels étaient leurs liens avec le groupe russe. Du côté de la République Centrafricaine (RCA), Fidèle Gouandjika, ministre conseiller spécial du chef de l’État, a ainsi réitéré son soutien à Moscou, tout en affirmant que Wagner n’était qu’un prestataire. « Moscou a sous-traité avec Wagner. Si la Russie n’est plus d’accord alors elle nous enverra un nouveau contingent », assure Gouandjika.
Depuis plusieurs heures, c’était la question qui se posait : Wagner allait-il pouvoir poursuivre ses activités en Afrique, et si oui, dans quelle conditions ? Si certains présidents africains ont appelé le Kremlin pour assurer le président Poutine de leur soutien, en façade, ils préfèrent botter en touche. La rébellion du patron de Wagner, Prigojine, est une « affaire interne » et « ne regarde pas la Centrafrique », a assuré Fidèle Gouandjika. Ce dernier reste cependant suspendu à la décision de Moscou concernant Prigojine : les soldats de Wagner « vont peut-être changer de chef », mais ils « continueront d’opérer pour le compte de la Russie », a avancé le conseiller de Faustin-Archange Touadéra.
Depuis la menace d’une invasion de Moscou par les paramilitaires dirigés par Prigojine, plusieurs ministres russes se sont succédé à la télévision pour faire le point. À commencer par le ministre de la Défense, qui se verrait bien reprendre la main sur Wagner. Mais c’est surtout Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, qui s’est exprimé sur le fond de l’affaire. Le chef de la diplomatie russe assure avoir « reçu plusieurs appels de solidarité, y compris de (ses) collègues africains ».
Des accords avec la Russie, pas avec Wagner
Selon Sergueï Lavrov, la collaboration entre Wagner et plusieurs pays africains — RCA et Mali principalement — devrait se poursuivre. « Je n’ai pas vu de panique particulière, je n’ai pas vu de changement dans l’attitude des pays africains vis-à-vis de la Fédération de Russie. Au contraire », a indiqué le ministre qui a tenu à rappeler que les paramilitaires de Wagner était présents au Mali et en République centrafricaine « comme instructeurs ». Et, a-t-il poursuivi, « ce travail va bien sûr continuer ».
L’occasion pour Moscou de rappeler les raisons de cet intérêt de pays africains pour le groupe paramilitaire russe : « Quand ces pays se sont retrouvés face à face avec la menace terroriste, la RCA et le Mali ont demandé à la société Wagner d’assurer la sécurité de leurs dirigeants », explique Lavrov. Mais qui dit Wagner dit surtout Russie. « En plus de ces relations avec l’organisation Wagner, les gouvernements de République centrafricaine et du Mali ont des contacts officiels avec notre gouvernement. À leur demande, plusieurs centaines de militaires travaillent, par exemple en RCA, en qualité d’instructeurs », a expliqué le ministre russe des Affaires étrangères.
Une sortie qui sonne comme une opération visant à rassurer. Mais il faudra, pour ce faire, des changements à la tête de Wagner, et vite. Car du côté des populations, et surtout de l’opposition, on estime que ce que Prigojine a tenté de faire à Moscou, il peut également le faire en Afrique. Problème : depuis plusieurs mois, l’attitude de Prigojine a irrité dans certains pays, où le patron de Wagner approchait les présidents en son propre nom. La Fédération de Russie devrait donc éloigner le patron du groupe du continent africain, pour reprendre la main sur ses activités. Le Forum Russie-Afrique qui se déroule fin juillet devrait permettre de dissiper les derniers doutes des présidents africains.