L’avocat d’Ousmane Sonko affirme avoir déposé un dossier contre Macky Sall à la Cour pénale internationale. Mais la juridiction ne devrait pas donner suite à cette procédure. Explications.
On le sait, l’avocat français d’Ousmane Sonko, Juan Branco, maîtrise l’art de la communication, voire du buzz. Suite aux événements qui ont eu lieu au début du mois de juin au Sénégal, les Pastef d’Ousmane Sonko ont sorti un rapport accusant le pouvoir en place d’avoir tiré sur la foule et d’avoir acheté des armes. Cette fois, c’est un autre dossier, qui fait du bruit dans les médias. Juan Branco affirme en effet avoir déposé un dossier « de 170 pages », qui détaille « les implications » de la présidence sénégalaise dans les décès de plusieurs manifestants, auprès de la Cour pénale internationale.
Le régime sénégalais a fait livrer “à usage exclusif” de sa Présidence 7 millions de munitions quelques mois avant une élection.
Nous détaillons en 170 pages les implications.
710 éléments de preuves confidentiels s’y ajoutent pour les juridictions.https://t.co/DHHr8jggqn pic.twitter.com/88gP4ub1rP
— Juan Branco ✊ (@anatolium) June 22, 2023
Simple coup de communication ?
L’avocat assure par ailleurs avoir « 710 éléments de preuves confidentiels », en plus des plus de 4 000 éléments de preuves relatifs à des « crimes », qui auraient été commis au Sénégal depuis mars 2021. « Nous avons mené ces derniers mois une longue enquête avec la participation de centaines de Sénégalais qui nous a permis d’établir l’existence de 60 crimes, considérés comme des crimes contre l’humanité. Ces crimes ont été commis dans le cadre d’une attaque générale et systématique contre une population civile », a indiqué l’avocat lors d’un point presse.
Une plainte devant la CPI serait un sacré coup de communication. Mais il ne s’agit, pour le moment, qu’un dépôt de dossier qui, de plus, n’a que peu de chances d’aboutir. Des dossiers beaucoup plus conséquents n’ont, par exemple, jamais donné lieu, jusqu’à aujourd’hui, à une quelconque procédure. Il s’agit surtout, pour Juan Branco, de surfer sur cette « saisine » de la CPI pour les prochains mois, tant que la Cour ne s’est pas déclarée incompétente.
Une plainte en France
D’ailleurs, s’il a saisi la CPI, l’avocat n’a en réalité pas déposé plainte. « En fait, toute personne peut envoyer des informations au bureau du procureur. C’est lui ensuite qui décide ou non d’ouvrir un examen préliminaire. Et si c’est le cas, il communique dessus », résumait un porte-parole de la CPI il y a plusieurs à Libération.
Et effectivement, c’est le bureau du procureur qui est « chargé d’examiner les situations relevant de la compétence de la Cour dans lesquelles un génocide, des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre ou d’agression paraissent avoir été commis, et de conduire les enquêtes et les poursuites contre les individus qui seraient les principaux responsables de ces crimes », indique le site de la Cour.
Ne pouvant déposer plainte à la CPI, Juan Branco a déposé une plainte en France. « C’est juste ridicule », a indiqué le président sénégalais, présent jeudi… en France, pour le sommet pour un nouveau pacte financier mondial.