Plusieurs pays, dont la France, ont promis de réacheminer une partie de leurs Droits de tirage spéciaux vers les économies africaines. Mais le continent, qui ne voit rien venir, commence à s’impatienter.
Ils devaient être une aide efficace pour les pays à faible revenu, notamment au moment de la pandémie de Covid-19. Mais les Droits de tirage spéciaux (DTS) ont-ils réellement atteint leurs objectifs ? Rien n’est moins sûr. Créés en 1969, les DTS, provenant du Fonds monétaire international (FMI), sont, selon l’ONG ONE, « des avoirs de réserve internationaux qui complètent les réserves de change des pays membres du FMI ». Le mouvement précise que ces DTS peuvent être échangés contre des devises, notamment en cas de crise monétaire.
Du côté du FMI, on insiste sur le fait que « le DTS n’est pas une monnaie, et il ne constitue pas non plus une créance sur le FMI. Il représente en revanche une créance virtuelle sur les monnaies librement utilisables des pays membres du FMI ».
Des aides pour… les pays riches
En mai 2021, en pleine pandémie mondiale, le président français Emmanuel Macron avait, en plein sommet sur le financement des économies africaines, promis de revoir le mécanisme des DTS. Quelques mois plus tard, le conseil des gouverneurs du FMI approuvait une nouvelle allocation de DTS à hauteur de 650 milliards de dollars.
Mais malgré les encouragement du chef de l’État français, les pays africains n’ont en réalité que peu bénéficié de la révision de ce mécanisme. Comme le précise le FMI, « c’est proportionnellement, en fonction de leur quote-part au FMI, que les pays reçoivent l’allocation ». Autrement dit, si les pays africains sont ceux qui ont le plus besoin des DTS, ce sont les pays les plus riches qui en bénéficient. L’Afrique, elle, doit se partager 33 milliards de dollars. La zone CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) n’a par exemple bénéficié que de 1,5 milliard de dollars.
L’Afrique espère 100 milliards de dollars
On est loin des 100 milliards espérés aujourd’hui par le continent, qui proviendraient de la France, qui avait pris l’engagement de réallouer 20 % de ses DTS au bénéfice des économies africaines. Problème : pas facile de trouver comment sortir ces sommes sans que le bilan financier de la Banque de France n’en pâtisse.
Ce 25 avril, le président français devra apporter une réponse. Une réunion ministérielle de la CEMAC et de la France se tient en effet à Paris. Et les DTS seront au cœur des débats. Paris doit désormais trouver la solution : comment renvoyer sa part de DTS à l’Afrique ? Si des prêts semblent être une option intéressante pour la France, pour l’Afrique, en revanche, la pilule aura du mal à passer.
L’an dernier, le FMI annonçait la création du Fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité (RST), dont l’objectif sera d’encaisser les DTS que les pays riches veulent réacheminer vers les pays les plus pauvres, puis de les redistribuer.
En attendant que les questions d’ordre juridique soient enfin réglées, l’Afrique attend patiemment que la France et les pays riches tiennent leurs engagements. Mais après la crise sanitaire et alors que la guerre en Ukraine ne s’arrête pas, la patience commence à s’amenuiser.