En France, les « concerts de casseroles » accompagnent les déplacements du président Macron. Une façon de protester également très utilisée en Afrique.
Depuis plusieurs jours, les bruits des casseroles accompagnent les déplacements du président Emmanuel Macron. Des casseroles devenues les symboles de la contestation contre la réforme des retraites. Dans l’Hérault, où le président français se rendait il y a peu, un arrêté préfectoral a même été publié, interdisant les « dispositifs sonores », soit les casseroles. Mais au fait, d’où vient cette tradition des « concerts de casseroles », notamment observées ces derniers mois au Gabon.
Tout aurait débuté en France, au Moyen-Âge, avec le charivari. Au XIVe siècle, les bruits des manifestants servaient particulièrement à dénoncer des mariages mal assortis. C’est cinq siècles plus tard que les « casserolades » sont devenues politiques. Dans les années 1830, les opposants à Louis-Philippe tapaient très fort sur des casseroles avec leurs ustensiles pour montrer qu’ils résistaient au pouvoir.
Une tradition qui a voyagé, notamment en Amérique du Sud, mais pas seulement. Car en Afrique, les « concerts de casseroles » sont aussi devenus les symboles de la contestation. Dans l’histoire, tout d’abord, avec par exemple les « casserolades » des Pieds noirs, qui voulaient que l’Algérie reste française, contre le général De Gaulle et sa proposition de politique d’autodétermination du pays. Depuis quelques années, ces « concerts » ont repris sur tout le continent.
Toute l’Afrique proteste au son des casseroles
En Afrique du Nord, notamment. En 2017, alors que les manifestations durent après le décès d’un vendeur de poisson, les citoyens utilisent leurs casseroles pour dénoncer la corruption de l’État. En Algérie également. Au début de l’année 2019, en plein Hirak, la casserole est également assez utilisée lorsque les Algériens descendent dans la rue, semaine après semaine.
Mais ces « concerts de casseroles » ont également été particulièrement popularisés en Afrique subsaharienne. Au Burkina Faso, en 2022, des associations exigent alors la baisse du prix du carburant. Pour se faire entendre, elles appellent les Burkinabès à utiliser des casseroles dans les rues de Ouagadougou. Au Sénégal aussi, la même année, Ousmane Sonko avait appelé ses sympathisants à sortir les casseroles au moment des législatives.
Mais le mouvement le mieux organisé aura été celui du Gabon. Un mouvement qui a pris tout son sens car le pays était en pleine pandémie de Covid-19. Ne pouvant se regrouper dans les rues, les Gabonais avaient été invités à effectuer des « concerts de casseroles » pour contester les mesures restrictives liées à la Covid-19. Petit à petit, ce mouvement s’était transformé en une contestation anti-Bongo. Des observateurs y voyaient même les prémices d’une « révolution des casseroles ». Car l’appel lancé par le collectif « Les citoyens libres » avait duré. Tous les soirs, à 20 heures, les Gabonais tapaient sur des casseroles.
Interrogé sur ce mouvement, la présidence admettait que « le mouvement des casseroles est la volonté pour une partie de la population d’exprimer démocratiquement une critique vis-à-vis des mesures prises par le gouvernement. On l’accepte totalement ». Un mouvement qui s’est essoufflé. Mais encore aujourd’hui, plusieurs siècles après sa naissance, le « concert de casseroles » reste un outil de protestation efficace.