La presse béninoise a annoncé le limogeage de Sévérin Quenum de son poste de ministre de la Justice. Depuis, c’est silence radio, aussi bien du côté du gouvernement que de la présidence.
Avant d’être ministre de la Justice, il était avocat personnel de Patrice Talon, le président du Bénin. Rien n’indiquait donc un départ de Sévérin Quenum du gouvernement. Et pourtant, malgré la promesse faite par Patrice Talon, le 13 mars dernier, de ne pas opérer de remaniement ministériel, Sévérin Quenum aurait été débarqué. Le désormais ex-ministre de la Justice, qui a fait son entrée au gouvernement en 2018 en remplacement Joseph Djogbénou, nommé à la Cour constitutionnelle, est annoncé sortant par la presse béninoise.
Une annonce qui, depuis hier, n’a toujours pas été confirmée, ni infirmée, par le gouvernement. À Cotonou, les supputations vont donc bon train : de quoi l’avenir de Séverin Quenum est-il fait ? Actuellement, c’est un renouvellement à la Cour constitutionnelle qui est évoqué par les observateurs. Mais d’autres rumeurs indiquent que c’est la situation chaotique de la justice béninoise qui serait à l’origine du départ du ministre.
D’ores et déjà, et avant que ce limogeage ne soit enfin commenté, plusieurs proches du gouvernement indiquent en effet que les cas Réckya Madougou et Joël Aïvo ont précipité la chute du ministre de la Justice. Ce deuxième aurait adressé une lettre au Garde des Sceaux pour se plaindre du sort qui lui était réservé et du mutisme du ministère de la Justice quant à ses conditions de détention.
Un fusible pour Patrice Talon ?
Joël Aïvo, dans sa missive, attire l’attention du ministre « sur quelques-unes des urgences de votre ministère. Il s’agit du cas de nos compatriotes oubliés par la justice dans nos prisons. J’ai réussi à sortir de prison quelques-uns grâce au service de mes avocats, mais ils sont encore plusieurs dizaines abandonnées par leurs juges. Placés en détention provisoire, ils attendent ainsi provisoirement, certains depuis dix ans, d’autres depuis vingt ans, d’être jugés pour être condamnés ou peut-être pour être acquittés ».
Mais Patrice Talon sait pourtant ce qui se passe dans ses prisons. Il est même sans aucun doute l’un des freins à ces jugements. Mais ces derniers mois, le président béninois a multiplié les gestes d’apaisement et libéré plusieurs de ses opposants politiques. Sévérin Quenum servira-t-il au chef de l’État de fusible ?
Sévérin Quenum est en tout cas, si l’information était confirmée, le second ministre à perdre son portefeuille, après Hervé Hêhomey, l’ex-ministre des Transports. Mais ce dernier n’a jamais vraiment été en disgrâce, allant même jusqu’à reprendre son poste en 2019.