Le Maroc n’a pas apprécié le discours du 27 février d’Emmanuel Macron, lors duquel il a affirmé ne pas avoir de problème avec le royaume. Or, de nombreuses tensions existent entre les deux pays.
Emmanuel Macron et le roi Mohammed VI ont des relations personnelles « amicales », qui le « demeureront ». Interrogé le 27 février dernier à propos des liens entre le Maroc et la France, le président Macron a étonnamment dévié sur ses relations personnelles avec le souverain chérifien. Avant de lancer un appel au royaume : « Moi, ma volonté, c’est d’avancer avec le Maroc », a indiqué un Emmanuel Macron qui, comme il l’avait dit pour l’Algérie, a accusé des « gens » — sans les nommer — de vouloir « monter en épingle des péripéties, des scandales au Parlement européen, des sujets d’écoute qui ont été révélés par la presse ».
Du côté du Maroc, le discours a semble-t-il surpris. Alors que Paris tente toujours de faire bonne figure, les observateurs savent qu’il sera difficile pour la France de recoller les morceaux avec Rabat. Preuve en est avec le voyage officiel promis par Emmanuel Macron, qui devait emmener le président français au Maroc. Cette visite, annoncée l’année dernière, a dans un premier temps été reportée. Mais finalement, il semble inconcevable que le président français se rende à Rabat, pour le moment en tout cas.
Les points d’achoppement entre Paris et Rabat sont nombreux. On le sait, géopolitiquement parlant, la position de la France concernant le Sahara occidental agace particulièrement le Maroc, qui a demandé à ses partenaires de se positionner plus franchement en faveur du plan de paix marocain. L’Espagne, habituellement neutre sur le sujet, a par exemple changé son fusil d’épaule pour se ranger derrière Rabat. En pleines discussions avec l’Algérie, Paris aura bien du mal à faire de même.
Le scandale au Parlement européen téléguidé par la France ?
Mais le Sahara occidental n’est pas le seul sujet qui embarrasse Rabat. En effet, une source proche du palais évoque au magazine Jeune Afrique « d’autres points de tension ont été volontairement occultés, notamment la restriction arbitraire des visas, la campagne médiatique et le harcèlement judiciaire ».
Du côté des restrictions de visas, Paris a revu sa copie et annulé les quotas imposés en 2021 à l’encontre du Maroc, mais aussi de la Tunisie et de l’Algérie. Mais le royaume n’a vraiment pas apprécié le chantage exercé par Paris, qui demandait une coopération plus forte du Maroc dans sa politique d’expulsions d’étrangers vers leur pays d’origine.
Mais ce qui a particulièrement touché le Maroc, c’est la campagne qui se joue actuellement dans les médias et dans les milieux politiques, aussi bien français qu’Européens. Après l’affaire Pegasus, les relations entre Paris et Rabat s’étaient assombries. Emmanuel Macron semble vouloir effacer cette affaire d’un revers de la main. Mais le royaume estime que les autorités françaises ont contribué à la campagne de dénigrement du Maroc, dont le point d’orgue aura été le QatarGate, qui s’est transformé en MarocGate petit à petit. Le royaume est accusé d’avoir corrompu des parlementaires européens. Le groupe Renew, dirigé par un proche d’Emmanuel Macron, a alors appuyé une loi sanctionnant le Maroc.
De quoi fâcher le royaume, qui se voit mal accueillir le président français. Certes, Emmanuel Macron et Mohammed VI risquent de se croiser lors de différents événements, comme lors du One Forest Summit au Gabon. Mais le souverain ne rencontrera pas le président français.