Dans quelques jours, pour la première fois de l’histoire de l’institution, les Comores devraient prendre la présidence de l’Union africaine, après le retrait de la candidature du Kenya.
Le Kenya a fait une croix sur la présidence de l’Union africaine (UA). Pour l’année 2023, tout du moins. Alors que l’archipel devait prendre la présidence de l’institution continentale cette année, Nairobi s’était positionné et faisait de l’ombre à Azali Assoumani. Le président de l’Union des Comores avait lancé, au milieu de l’année dernière, une vaste opération de lobbying pour tenter de faire entendre sa voix. Le chef de l’État comorien voyait en effet une opportunité en or, à moins de deux ans d’une élection présidentielle décisive dans son pays, plongé dans une crise économique sans précédent. Azali Assoumani avait profité de l’après-scrutin au Kenya pour avancer ses pions.
Le Kenya a finalement laissé la voie libre aux Comores. Une victoire pour ce petit pays d’à peine plus d’un million d’habitants, pas forcément habitué à jouer un rôle continental. La nouvelle est tombée en toute fin d’année dernière. Lors de son discours à la Nation du 30 décembre dernier, Azali Assoumani a d’ailleurs annoncé la nouvelle à ses compatriotes.
Le Kenya, fauteur de troubles
Entre 2021 et 2022, les Comores ont déjà obtenu la deuxième vice-présidence de l’UA. Ils visaient alors, comme le veut la tradition, la première vice-présidence. Mais le Kenya s’était positionné et faisait de l’ombre aux Comores, qui ont joué des coudes pour empêché Nairobi de lui ravir ce poste qui amène automatiquement à la présidence de l’institution africaine.
Après Macky Sall en 2022, c’était au tour d’un pays de la zone Afrique de l’Est de prendre la présidence de l’UA cette année. Le fait que le Kenya fasse acte de candidature avait fortement déplu à Assoumani qui avait engagé un bras de fer diplomatique avec Nairobi. Le Kenya avait avancé un argument de taille : la présidence de l’UA ne devait pas revenir deux années de suite à un pays francophone. Uhuru Kenyatta, alors président du Kenya, insistait sur le fait qu’il faille « un pays anglophone pour occuper la présidence après un pays francophone ».
Selon Le Journal de Mayotte, après que l’Union des Comores avait reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, l’Algérie avait œuvré en faveur du Kenya. Tout comme l’Afrique du Sud, plus proche de Nairobi que de Moroni. Assoumani a finalement profité de l’après-élection au Kenya et de l’arrivée à la tête du Kenya de William Ruto pour faire valoir ses droits.
Une rencontre Assoumani-Ruto décisive
En effet, les présidents des deux pays concurrents ont finalement organisé une rencontre à Washington, au moment du sommet États-Unis-Afrique. Ruto aurait, lors de ce rendez-vous, accepté de se retirer de la course à la présidence de l’UA.
Azali Assoumani, lors de son discours à la Nation, a souligné « l’élégance » et « la grandeur de la nation kenyane ». Il a tenu à exprimer sa « gratitude envers le Kenya et plus particulièrement (…) William Ruto, qui a eu l’élégance et la bienveillance de retirer la candidature de son pays, à la présidence de l’Union africaine ». Une décision « noble » et « sage », selon les mots du chef de l’État comorien, qui « permettra aux chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine, de trancher sur la question de la présidence de notre organisation continentale ».
Si tout n’est pas encore bouclé, tout semble aller dans le sens des Comores qui devraient donc prendre la présidence de l’UA le mois prochain, lors d’un sommet ordinaire à Addis-Abeba. Les Comores n’avaient jamais pris la tête de l’Union africaine auparavant.