La radio RFI a été suspendue par les autorités du Burkina Faso qui l’accusent d’avoir diffusé notamment des informations mensongères et susceptibles de déstabiliser le pays.
Radio France Internationale, plus connue sous le nom de RFI, n’émettra plus au Burkina Faso. Samedi dernier, le pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré a annoncé « la suspension immédiate et jusqu’à nouvel ordre » de la radio. Le Burkina Faso est le second pays à suspendre RFI. En mars dernier, le ministre malien de l’Intérieur Abdoulaye Maïga avait en effet annoncé que les suspensions de deux médias français, France 24 et RFI, suite à de « fausses allégations ».
Cette fois, ce sont deux interventions qui posent problème. Le gouvernement burkinabè estime que RFI n’avait pas à relayer le « message d’intimidation » d’un « chef terroriste ». Plus précisément, c’est la diffusion d’extraits d’une vidéo d’un des chefs du GSIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans) qui menaçait de s’attaquer à des villages défendus par des Volontaires de la défense de la patrie (VDP).
La radio, explique le porte-parole du gouvernement, « contribue ainsi à une manœuvre désespérée des groupes terroristes en vue de dissuader les milliers de Burkinabè mobilisés pour la défense de la Patrie ».
Autre reproche fait à RFI : avoir relayé « une information mensongère, indiquant que ‘le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, assure qu’une tentative de coup d’État a visé son pouvoir’ ». L’article est toujours en ligne. Cela a déplu au pouvoir qui indique, toujours dans son communiqué, que « le 3 novembre dernier, le gouvernement avait déjà exprimé son indignation face à l’attitude tendancieuse des journalistes de ce média (RFI) et leur propension à jeter un discrédit sur la lutte dans laquelle le peuple burkinabè est engagé pour plus de liberté et de dignité ».
De son côté, la direction de RFI « déplore vivement cette décision et s’élève contre les accusations totalement infondées mettant en cause le professionnalisme de ses antennes ». Elle prévoit des recours juridiques pour être à nouveau écoutée par « plus de 40 % de la population et plus de 70 % des leaders d’opinion » du Burkina Faso.
Est-ce pour autant une menace pour la liberté d’expression ? Le gouvernement indique tenir « à réaffirmer à l’opinion nationale et internationale son attachement à la liberté de presse et d’opinion » et « au droit du public à l’information ». Il demande cependant le « respect des règles et principes édictés en la matière dans notre pays ».