Le peuple brésilien a élu, ce dimanche, Luiz Inácio Lula da Silva à la présidence du pays. Un scrutin qui devrait ravir l’Afrique, qui a connu, entre 2003 et 2011, des relations développées avec le pays d’Amérique du Sud.
Avec 50,9 % des voix, le score a été pour le moins serré, mais suffisant à Lula pour reprendre à Bolsonaro le pouvoir au Brésil. Une bonne nouvelle pour l’Afrique, à plusieurs égards. Déjà élu président en 2003, Luiz Inácio Lula da Silva a beaucoup œuvré pour le continent, alors que le Brésil s’était, avant lui, éloigné du tiers-mondisme. Dès son arrivée au pouvoir à l’époque, Lula s’était entouré de collaborateurs à qui il avait demandé de faire du soutien aux pays en voie de développement une priorité.
Conséquence : lors des premières années au pouvoir de Lula, la valeur des échanges entre le Brésil et l’Afrique a triplé, comme l’écrit Claudio Ribeiro dans « La politique africaine du Brésil et le gouvernement Lula ». Entre 1996 et 2006, poursuit-il, les exportations du Brésil vers l’Afrique ont augmenté de 487 %. Avec une croissance qui a quasiment explosé lors de l’arrivée à la présidence de Lula.
De bons chiffres qui doivent, avant tout, à l’histoire particulière entre le Brésil et l’Afrique. Le pays d’Amérique du Sud compte en effet plus de citoyens d’origine africaine que tout autre pays au monde, hors du continent. Mais il a fallu attendre le début des années 1960, et notamment le gouvernement de Jânio Quadros, pour que le Brésil lancer une « politique étrangère indépendante », à destination des pays alors en pleine vague de décolonisation. En particulier des anciennes colonies portugaises. Mais entre les années 1990 et 2003, le Brésil a délaissé l’Afrique.
Réparer la politique de Bolsonaro
Alors, forcément, pour le continent, l’arrivée de Luiz Inácio Lula da Silva a été une bouffée d’oxygène. Le président brésilien a joint les actes à la parole, se rendant pas moins de quatre fois en Afrique rien que lors de son premier mandat, et visitant dix-sept pays en seulement deux ans. Il en visita près d’une trentaine jusqu’à 2010. Ironie du sort : l’Afrique précipitera Lula dans sa chute, ce dernier ayant été accusé de corruption après avoir, selon ses détracteurs, favorisant le financement d’un projet du poids lourd brésilien du bâtiment, Odebrecht, dans deux pays africains notamment, l’Angola et le Mozambique.
Lula en prison, les relations Brésil-Afrique ont souffert de la présidence de Jair Bolsonaro. Le leader d’extrême droite n’a jamais daigné se rendre sur le continent. En 2019, tout le travail effectué par Lula a été gâché, le commerce entre l’Afrique et le Brésil atteignant un niveau historiquement bas. Pas étonnant, donc, que les fleurons brésiliens aient quitté, de leur plein gré ou non, l’Afrique, du pétrolier Petrobras à l’industrie de production de fer Vale.
Le retour au pouvoir de Lula pourrait signifier le retour à la normale des relations Brésil-Afrique. Le nouveau président, qui sera investi dans les prochaines semaines, aura fort à faire pour retrouver des relations normales avec plusieurs pays peu enclins à discuter avec le Brésil. Comme l’Afrique du Sud qui s’est opposée à la désignation d’un ambassadeur brésilien faisant partie de l’église évangélique universelle, dont Bolsonaro est un proche. L’Angola avait également expulsé plusieurs Brésiliens de cette église.
Économiquement, le Brésil devra rattraper son retard en Afrique. La Chine, et même la Russie, ont pris de l’avance pendant les années de pouvoir de Bolsonaro. En cette période où les États-Unis tentent de polariser l’Afrique, Lula aura un rôle à jouer.