Après avoir voté en faveur d’une résolution condamnant « les annexions illégales de la Russie en Ukraine » à l’ONU, le ministre malgache des Affaires étrangères a été débarqué par le président Rajoelina.
Il n’aura pas fait long feu. Le ministre malgache des Affaires étrangères, Richard Randriamandrato, n’aura passé que sept mois en poste. Il vient en effet d’être limogé par le président Andry Rajoelina, qui reproche à son chef de la diplomatie d’avoir été un peu trop cavalier au moment de voter une résolution de l’Organisation des Nations unies (ONU) condamnant « les annexions illégales de la Russie en Ukraine ». Madagascar s’est en effet rangée du côté de l’Occident en votant en faveur de ce texte.
Depuis plusieurs mois, entre Madagascar et la communauté internationale, la tension est vive. En début d’année, Madagascar avait signé un accord militaire avec Moscou. Paris menace, si l’île ne revient pas sur cet accord, de mettre en veille ses projets de sécurité maritime sur place. Mais Andry Rajoelina prône un non-alignement, et il ne semble pas prêt à revenir sur cela.
Sauf que le vote malgache a détonné par rapport à la position officielle de son président. Ce dernier s’attendait à ce que son ministre des Affaires étrangères s’abstienne une nouvelle fois de voter, pour montrer sa volonté de neutralité dans le conflit russo-ukrainien.
Richard Randriamandrato en aurait décidé autrement, seul. « Cette décision de voter pour, je l’ai prise en mon âme et conscience », indique-t-il à RFI. Et l’ex-ministre d’assurer : « Je ne pense pas que l’intérêt de la nation ait été mis en danger par ce vote ». Randriamandrato estime même que « l’histoire jugera la suite ».
Cependant, le ministre des Affaires étrangères tout juste limogé refuse de confirmer qu’il a pris cette décision seul. « Je ne réagirai pas là-dessus », balaie-t-il d’un revers de la main. Des sources proches du dossier assurent qu’un ministre des Affaires étrangères ne peut pas prendre une telle décision sans l’aval de son président.
Andry Rajoelina aurait-il demandé à son ministre de voter en faveur de la résolution onusienne avant de le regretter ? Ou aurait-il reçu un appel de la part de Moscou ? Il semblerait que le limogeage du ministre des Affaires étrangères réponde surtout à une gronde populaire qui ne cesse de grandir. Au sein du ministère des Affaires étrangères, cependant, on estime que Richard Randriamandrato n’était pas apte à occuper ce poste et que son attitude était indigne d’un chef de la diplomatie.
Outre le dossier russo-ukrainien, le ministère malgache des Affaires étrangères a de nombreux dossiers brûlants à traiter, parmi lesquels celui des îles Éparses. Le ministre de la Défense assurera l’intérim en attendant que le président malgache trouve un remplaçant à ce poste.