L’activiste panafricaniste Nathalie Yamb est, depuis janvier, interdite d’entrer sur le territoire français. Paris lui reproche notamment ses positions antifrançaises et pro-russes.
Critiquer la politique africaine de la France peut avoir d’étonnantes répercussions. Un arrêté du ministre français de l’Intérieur vise l’activiste Nathalie Yamb, qui se présente sur Twitter comme « résolument engagée pour une Afrique affranchie des tutelles ». Daté du 12 janvier dernier, le contenu de cet arrêté a été transmis à la Suisso-Camerounaise par courrier recommandé le 14 octobre. Il y est stipulé que l’activiste est désormais interdite d’entrée et de séjour sur le territoire français. À RFI, une source proche du dossier affirme que le ministère de l’Intérieur français a voulu s’« assurer qu’elle est bien informée qu’elle est sous le coup de cette mesure pour incitation à la haine et à la violence ».
#franceAfrique Pour ceux qui en doutait encore, hier nous a prouvé l’idéologie officielle explicitement raciste et institutionnalisée de #macron.
Tu es blanc tu peux critiquer sa politique internationale/Africaine, tu es noir tu as l’obligation de te taire— 𝓐𝓓𝓘𝓜𝓑𝓞𝓛𝓐 (@Adimbola) October 16, 2022
Selon le texte de l’arrêté, il est plus exactement reproché à Nathalie Yamb des « diatribes récurrentes qu’elle profère contre la France et ses autorités et dans lesquelles elle cautionne, voire encourage, le recours à la violence à l’encontre des symboles de la présence française en Afrique », mais également « des propos virulents à l’égard des positions françaises sur le continent africain susceptibles de favoriser l’entrisme des puissances étrangères hostiles à la France sur le continent africain et d’alimenter le développement d’un ressentiment populaire anti-français en Afrique, mais également parmi les diasporas africaines en France ». Une dernière explication qui vise directement la Russie.
Des propos virulents à l’égard de la France
La France estime par ailleurs que, « au regard à la haine profonde qu’elle entretient à l’égard de la France qu’elle exprime très régulièrement par des propos virulents diffusés et relayés via des services de communication au public en ligne qui bénéficient d’une large audience, il est à craindre que sa présence en France provoque de graves troubles à l’ordre public ».
Et l’arrêté de rappeler le parcours de Nathalie Yamb. Sa proximité avec le régime de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo déplaît à Paris, qui n’a semble-t-il pas vraiment digéré les propos de l’activiste pendant le sommet Russie-Afrique de Sotchi en octobre 2019.
« La France considère toujours le continent comme sa propriété »
« Après l’esclavage, la colonisation, la pseudo-indépendance, on ne nous a reconnu que le droit d’être libre, mais seulement, au sein de l’enclos français. L’Afrique francophone est encore aujourd’hui en octobre 2019, sous le contrôle de la France. La France considère toujours le continent comme sa propriété », avait notamment déclaré Nathalie Yamb à qui il est également reproché une proximité avec la présidence centrafricaine, qui s’est tournée vers la Russie plutôt que vers Paris.
Parmi les fervents opposants à l’activiste, on retrouve un élu de la République française, le député Thomas Gassilloud. Président de la commission de la défense de l’Assemblée nationale, il est également membre du groupe Renaissance et donc du parti du même nom, dont le président d’honneur n’est autre qu’Emmanuel Macron.
Gassilloud estime que « Nathalie Yamb, très active sur les réseaux, est un relais de propagande russe sur le continent africain et qui participe à la diffusion de fausses informations, sans doute pour des intérêts personnels, en tenant des propos très virulents contre la France en Afrique, y compris en encourageant le recours à la violence ».