Au Burkina Faso, les militaires d’Ibrahim Traoré ont repris le pouvoir il y a trois jours. Sonnant ainsi la fin de la courte ère Damiba.
Au Burkina Faso, les putschs se suivent et se ressemblent. Ce week-end, Ibrahim Traoré et ses hommes ont repris le pouvoir après plusieurs rebondissements. Le militaire a fait tomber le lieutenant-colonel Damiba et est désormais à la tête de la transition. Le second n’aura tenu que neuf mois : pas suffisant pour faire accoucher un nouveau système pour Damiba, qui avait d’ailleurs joué avec le feu. Il avait précédemment déclaré à ceux qui le critiquaient : « Si vous êtes réellement forts, faites votre coup d’État et gérez le pays comme vous le voulez ! »
Le lieutenant-colonel Damiba n’a finalement pas le même destin que les militaires au Mali ou en Guinée. Pourtant, le message initial était le même faire partir un président jugé trop peu actif et remettre le pays sur les rails pour le peuple. Sauf que Damiba aura échoué à faire oublier le président Kaboré et à relancer son pays.
Que lui reprochait-on ? Tout d’abord d’avoir encaissé les critiques sans se remettre en question. Le militaire était un habitué de l’armée — contrairement à Ibrahim Traoré qui a d’abord suivi un parcours civil — et ne semblait pas forcément à l’aise avec l’appareil politique.
Damiba, trop sûr de lui ?
Mais même sur le terrain militaire, rien ne semblait avoir avancé. Confronté à la menace terroriste, le Burkina attendait des moyens. Mais l’armée a enregistré de nombreuses pertes et le lieutenant-colonel, devenu président de la transition, était éloigné de ses hommes. Il n’a sans doute pas mesuré le fossé qu’il était en train de creuser avec les militaires qui se sentaient abandonnés.
Traoré devra reprendre les choses en main sur ce terrain. Il devra notamment se reconnecter avec sa base militaire et donner les moyens logistiques et financiers à une armée légèrement dépassée. Kaboré avait été déposé surtout à cause de problèmes sécurités.Damiba aura subi le même sort.
Car dans les rangs de l’armée, la colère n’a cessé de s’accroître. Ibrahim Traoré a bien tenté de prévenir Paul-Henri Sandaogo Damiba du danger qui le guettait. Mais ce dernier n’a rien voulu entendre. Trop grisé par le pouvoir ? Se sentant méprisés, les militaires ont donc repris la présidence de la transition à leur compte.
Les militaires au pouvoir devront désormais négocier avec les instances sous-régionales, dont la Cedeao, éviter les sanctions et surtout proposer un calendrier de transition crédible. Un vent nouveau souffle-t-il sur le Burkina, ou on prend les mêmes et on recommence ?