Comme l’an dernier, une campagne sur les réseaux sociaux demande la fin des exportations de dattes Deglet Nour vers le Maroc. Cette fois, les dattes sont accusées d’être radioactives.
C’est sans aucun doute la meilleure des dattes. Originaire du désert algérien, la Deglet Nour — comprenez « datte des lumières » — est produite principalement en Algérie (aux Zibans et à Oued Righ) et en Tunisie (dans le gouvernorat de Tozeur). Avec une production, en fin d’année dernière, qui a largement fondu, mettant en péril l’agriculture tunisienne, la Deglet Nour est aujourd’hui l’une des plus prisées dans le monde maghrébin mais également en Europe, où elle est exportée.
En Algérie, véritable symbole national, la Deglet Nour est au cœur d’une polémique qui implique le Maroc. Si l’Algérie fait partie des cinq plus gros producteurs de dattes au niveau mondial — en 2021, les dattes ont rapporté plus de 80 millions de dollars, selon le ministère algérien du Commerce —, le royaume est, depuis plusieurs années, le deuxième importateur de dattes algériennes selon la presse algérienne.
Insectes mortels et résidus radioactifs
Oui mais voilà. La question de l’arrêt des importations de dattes algériennes dans le royaume est aujourd’hui posée par la presse. A l’origine de cette question, un article du quotidien algérien Echourouk. Le journaliste Belkacem Haouam affirmait la possible fin des exportations de Deglet Nour. Un article qui fait suite à une mobilisation marocaine datant de mars dernier. A l’époque, alors que le ramadan approchait, sur les réseaux sociaux, des militants chérifiens assuraient que les dattes algériennes contenaient des substances toxiques, en raison de la pollution radioactive liée aux essais nucléaires français, dans les années 1960.
A chaque épisode de tension entre Alger et Rabat, l’histoire se répète. Un an plus tôt, après que des cultivateurs marocains de dattes avait été expulsés par les autorités algérienne de la ville de Figuig, alors que la frontière est fermée depuis 1994, les réseaux sociaux avaient affirmé que les dattes algériennes étaient infestées « d’insectes mortels ».
Un journaliste accusé d’avoir menti
Cette fois, la tension est à son comble entre le Maroc et l’Algérie. Et l’article dans Echourouk montre que la campagne anti-dattes algériennes a franchi un cap. Dans cet article, le journaliste Belkacem Haouam assure que plusieurs lots de dattes ont été rappelés : l’un en juin, l’autre en août. En cause, selon lui, des résidus de pesticides qui ne répondraient pas aux normes européennes. Le journal parle alors d’arrêt immédiat des exportations de dattes Deglet Nour.
Le journaliste a été arrêté et incarcéré, accusé de « spéculation illicite » après que le prix des dattes a évolué, suite à l’article. Une situation dénoncée par la corporation et par des membres de la société civile.
Le 10 septembre dernier, le ministère algérien du Commerce a indiqué que « les pesticides utilisés pour lutter contre les parasites végétaux ou animaux des cultures sont homologués et inscrits sur l’Index des produits phytosanitaires à usage agricole adopté par la Commission nationale intersectorielle d’homologation (Agriculture, Commerce, Santé…) » et que, lors de la prochaine saison, « des milliers de tonnes de dattes, toutes variétés confondues, seront exportées sans aucun problème ».