Selon la presse britannique, Tidjane Thiam serait sur le point de renoncer à sa nationalité française pour briguer la présidence ivoirienne en 2025. Un pari risqué et une décision peut-être précoce…
Son retour en Côte d’Ivoire a été pour le moins mitigé. Alors qu’on l’attendait sur le terrain familial et personnel, après près d’un quart de siècle passé loin de la terre de ses ancêtres, Tidjane Thiam a fait de son retour en Côte d’Ivoire un symbole politique.
De quoi surprendre les observateurs de la vie politique locale. « Thiam a fait une erreur en arrivant en jet privé, en atterrissant à Abidjan et non à Yamoussoukro », indique une source proche de l’opposition ivoirienne. Surtout, à peine après avoir posé le pied à Abidjan, Tidjane Thiam s’est rué vers le palais présidentiel pour y rencontrer Alassane Ouattara, un an et demi après une première rencontre avec Dominique Ouattara. Puis, Thiam est parti à la rencontre de Henri Konan Bédié et de Laurent Gbagbo.
Un retour très politique en Côte d’Ivoire
De quoi clarifier les choses : en 2025, le banquier compte bien jouer un rôle politique. Et pas n’importe lequel. Alors qu’il assurait vouloir se consacrer aux affaires, Thiam est bien décidé à être candidat lors de la présidentielle.
L’ancien ministre du Plan et du Développement ne pourra cependant pas avancer seul. « Pour être crédible, il a besoin d’une grosse machine derrière lui », précise-t-on dans son entourage. Et cette machine, ce sera en toute logique le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), qui tente actuellement de se renouveler et de préparer l’après-Bédié.
Selon The Telegraph, Thiam prépare activement 2025. Avec un premier geste symbolique, qui l’empêchera d’être critiqué : le renoncement à sa nationalité française, comme l’y oblige la Constitution ivoirienne.
Son arrivée, lundi 8 août, en Côte d’Ivoire avait donc tout d’un voyage de pré-campagne. C’était d’ailleurs avant tout un appel du pied à « HKB » : « Je n’ai jamais quitté le PDCI-RDA, j’ai toujours été membre du PDCI-RDA », a-t-il rappelé. Avant de redire qu’il est l’héritier du Père de la nation, Félix Houphouët-Boigny, son grand-oncle. « On connaît bien l’histoire du président Houphouët, je connais au moins celle de mon grand-père maternel qui est un des signataires fondateurs du parti à l’Etoile du sud. Donc, on forme une famille PDCI, nous restons au PDCI », a-t-il dit.
Thiam brûle-t-il les étapes ?
Sur les starting-blocks pour 2025, Thiam a donc une préférence pour une investiture PDCI-RDA. Mais est-ce vraiment le bon moment ? Dans les couloirs du palais, on pressent une nouvelle candidature d’Alassane Ouattara dans trois ans. Au sein du PDCI-RDA, on ne comprendrait pas forcément le « parachutage » du banquier, qui n’a pas participé à la vie du parti ces deux dernières décennies.
Alors, quelle solution pour Thiam ? « Il doit s’aguerrir, revenir dans le jeu politique et patienter, explique-t-on dans l’entourage du bureau politique du PDCI. Aller tout de suite à la présidentielle serait un suicide politique ». Poussé par son entourage — notamment sa sœur —, Thiam semble cependant impatient de briguer la présidence. Mais « il ne pèse rien en termes d’électorat », prévient encore notre source au PDCI-RDA.
En décembre 2021, Tidjan Thiam avait laissé planer le doute quant à une candidature : « Je fais tout ce que je peux dans mon domaine d’expertise, c’est-à-dire en économie, pour faire avancer les choses. Mais je répondrai à votre question… Redemandez-moi en 2025 », avait-il ironisé. Selon la presse britannique, sa décision semble être prise. Mais l’arène politique ivoirienne n’est pas le monde de la finance suisse… Thiam devrait rapidement s’en rendre compte !