Le procureur général de la Cour pénale internationale Karim Khan est au Soudan. Au menu des discussions, le sort d’Omar el-Bechir, que Khartoum a promis d’extrader il y a un an.
Voilà un an que le Soudan a promis d’extrader son ex-président, Omar el-Bechir, recherché depuis 2009 par la Cour pénale internationale. El-Bechir avait, pendant de nombreuses années, nargué la CPI en voyageant dans les pays n’ayant pas signé le Statut de Rome, le traité fondateur de la CPI.
Le 11 août 2021, deux ans après la chute d’el-Bechir, le gouvernement soudanais avait assuré qu’il allait « remettre les personnes recherchées à la CPI ». Sur la liste, outre le président Omar el-Bechir, il était question d’extrader deux anciens ministres, Ahmed Haroun et Abdelrahim Mohamed Hussein.
Un an plus tard, où en est-on ? Alors qu’il était détenu à la prison de Kober, l’une des plus anciennes du Soudan, depuis avril 2019, Omar el-Bechir avait été autorisé, en avril 2022, à être transféré à l’hôpital militaire al-Alya. Officiellement en proie à de l’hypertension artérielle, el-Bechir avait été, selon plusieurs sources, sauvé par un rapport médical falsifié.
Toujours au Soudan, donc, Omar el-Bechir ne semble pas près de quitter son pays pour rejoindre les Pays-Bas. C’est sans doute l’une des raisons qui a poussé le procureur de la CPI, Karim Khan, à se rendre au Soudan.
Un dossier qui n’avance plus
Avec sa délégation, Khan visitera notamment la région du Darfour, après des réunions avec les dirigeants du pays. Une visite de plusieurs jours, qui durera jusqu’au 25 août. Depuis un an, la situation, sur place, a évolué. En effet, après le coup d’Etat d’Abdel Fattah al-Burhane, la CPI attend toujours de savoir si l’accord d’extradition d’el-Bechir d’août 2021 tient toujours. Car al-Burhane était un homme fort du régime d’Omar el-Bechir et sa prise des pleins pouvoirs n’est pas un signe positif envoyé à la CPI.
Pour Khan, il s’agit donc de discuter sur sort de l’ancien dictateur, accusé de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.
En avril dernier, la CPI a ouvert le procès d’Ali Kusheib, accusé lui aussi de crimes de guerre au Darfour.
Obtenir des garanties de la part de la junte militaire soudanaise dans le dossier el-Bechir représente le premier gros test pour Karim Khan. Or, ce dossier patine. Si l’avocat britannique ne veut pas perdre la face, il a encore trois jours pour convaincre al-Burhane de tenir l’engagement scellé entre le Soudan et la CPI en août 2021.