Ce dimanche, le colonel Abdoulaye Maïga a été désigné Premier ministre par intérim en remplacement de Choguel Maïga, hospitalisé. Une nomination plus symbolique qu’il n’y paraît.
Le 10 août dernier, le Premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga était hospitalisé après un accident vasculaire cérébral. Interdit de voyager en Europe, Maïga devait alors se rendre au Maroc, en Turquie ou dans le Golfe persique pour y être soigné. Mais en attendant, les affaires courantes doivent être expédiées. Et un nouveau Premier ministre été désigné. Assimi Goïta a choisi de nommer à ce poste le colonel Abdoulaye Maïga.
Certes, Abdoulaye Maïga hérite de ce poste par intérim. Mais l’hospitalisation de Choguel Maïga arrive à un moment où le Premier ministre était de plus en plus contesté, aussi bien au sein de la classe politique qu’au sein du Conseil national de transition. Le Cadre d’échanges des partis et regroupements politiques pour une transition réussie, le M5 et l’Adema-PASJ ont en effet exigé, en juillet, la démission de Maïga. Une requête présentée trois mois après que le CNT du colonel Malick Diaw avait demandé à Choguel Maïga de présenter son bilan, jugé trop faible.
Choguel Maïga peut-il encore revenir aux affaires ?
Abdoulaye Maïga peut-il remplacer définitivement le Premier ministre hospitalisé ? En attendant d’avoir des réponses à cette question, le choix du colonel pour remplacer Choguel Maïga est un message fort adressé par Assimi Goïta, notamment à la communauté internationale.
Car celui qui était jusqu’ici ministre de l’Administration territoriale et porte-parole de la junte est l’un des fers de lance du discours anti-Occident des autorités maliennes. On se rappelle qu’en juillet, Abdoulaye Maïga a par exemple demandé à la France de quitter « définitivement sa posture néocoloniale, paternaliste et condescendante ». Il a également été l’un des fervents partisans du retrait de l’opération Barkhane du Mali.
Surtout que, selon le protocole, Goïta aurait dû désigner, en tant que Premier ministre par intérim, le colonel Sadio Camara, ministre de la Défense. Selon RFI, ce dernier aurait refusé le poste.
Alors que Choguel Maïga représentait la société civile au sein du pouvoir, c’est donc un militaire qui est aux commandes du gouvernement. Et alors que le CNT est lui aussi dirigé par un membre de la junte, les civils semblent désormais exclus des hautes fonctions du pays.
Reste désormais à savoir si Choguel Maïga a définitivement perdu son poste. D’un côté, c’est l’omerta autour de son état de santé. Si certaines sources affirment qu’il est en bonne voie de guérison, d’autres sont plus sceptiques quant à un retour aux affaires dans les semaines à venir.