L’ancien président du Burkina Faso a réuni les deux leaders de son parti politique pour tenter de les réconcilier. Un retour à la vie politique qui interroge.
Au Burkina Faso, Blaise Compaoré est-il en train de préparer son retour sur la scène politique ? En tout cas, cela y ressemble grandement. Condamné à de la prison à vie lors du procès de l’assassinat de Thomas Sankaré, Compaoré coule des jours tranquilles en Côte d’Ivoire. Mais récemment, il a annoncé à ses proches sa volonté de rentrer à Ouagadougou, s’il obtenait une grâce présidentielle ou l’assurance, de la part du pouvoir en place, d’être libre. En échange, Blaise Compaoré promettait alors de ne plus jouer de rôle politique au Burkina Faso.
L’ancien président de la République semble déjà avoir oublié son engagement. Car de Côte d’Ivoire, Blaise Compaoré s’est lancé dans une opération de médiation au sein de son propre parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Au Burkina Faso, deux hommes tentent en effet de se disputer la place de leader du CDP : d’un côté, Eddie Komboïgo prône la rupture avec Compaoré ; de l’autre, Achille Tapsoba reste fidèle à l’ancien président burkinabè.
Les deux hommes, selon plusieurs médias, se seraient rendus en Côte d’Ivoire, à Abidjan, du 23 au 25 mai. Objectif : y rencontrer Compaoré pour un « conclave ». Bien qu’exilé, Blaise Compaoré reste président d’honneur du CDP. La patron du parti, Eddie Komboïgo, et le prétendant au siège, Achille Tapsoba, étaient tous deux accompagnés de cadres du parti.
Qu’ont-il pu se dire les trois hommes ? D’après Jeune Afrique, c’est dans une « ambiance bon enfant » que s’est déroulée la rencontre. Blaise Compaoré semble vouloir se placer au-dessus de la mêlée : pour l’occasion, il a voulu s’entourer de personnalités importantes du CDP pour tenter de trouver une issue paisible à la guerre fratricide au sein du parti. JA cite notamment l’ex-président du parlement, Soungalo Ouattara, mais aussi Alain Yoda.
Statu quo
Dans son discours, Blaise Compaoré a prôné l’unité. Mais Eddie Komboïgo n’aurait pas été très réceptif à la demande de son ancien président. Achille Tapsoba continue à demander le départ d’Eddie Komboïgo. En échange, Tapsoba a promis de ne pas opérer de vendetta contre ses opposants au sein du parti.
Une rencontre qui aura permis des discussions entre les deux hommes, qui se livrent une guerre fratricide, mais qui n’aura débouché sur aucune décision : le président d’honneur du CDP a, selon plusieurs sources proches du parti, été à l’écoute, mais le rendez-vous n’a donné lieu à aucune prise de parole publique, ni même interne. Il n’a pas, non plus, donné son avis sur la question.
D’ailleurs a-t-il les moyens de régler le conflit intestin au sein du CDP ? Car Eddie Komboïgo veut en finir avec le courant de Compaoré et avait même mis fin aux avantage de Compaoré au sein du parti. Achille Tapsoba a été suspendu de ses fonctions, comme d’autres cadres du parti, par Komboïgo. Ce dernier compte, coûte que coûte, réformer le CDP. Mais la médiation initiée par Compaoré rebat les cartes : l’ex-président de la République compte-t-il jouer un rôle dans le futur ? Au moins au sein de son parti ? Tout dépendra de la décision de la junte militaire de gracier ou non Blaise Compaoré.