Le président tunisien Kaïs Saïed vient de convoquer les Tunisiens pour un référendum. Le 25 juillet prochain, les électeurs voteront pour ou contre l’adoption d’une nouvelle Constitution.
C’est une date symbolique que le président tunisien Kaïs Saïed a décidé de retenir pour organiser un scrutin pour amender sa nouvelle Constitution. Le 25 juillet prochain, cela fera en effet un an jour pour jour que le chef de l’Etat s’est arrogé la quasi totalité des pouvoirs.
Depuis, Kaïs Saïed a annoncé la dissolution de l’Assemblée des représentants du peuple après avoir lancé une consultation nationale pour déterminer les grands axes de sa future Constitution.
Mercredi dernier, tard dans la soirée, le président tunisien a publié un décret pour convoquer les électeurs à un référendum le 25 juillet prochain « pour le référendum sur un projet d’une nouvelle Constitution de la République tunisienne ».
Peu habitués à l’exercice, les Tunisiens devront répondre à une question simple : « Approuvez-vous le projet de la nouvelle Constitution de la République tunisienne ? » Reste que malgré tout, il faudra du temps aux votants pour lire les nouveaux textes. Selon le Journal officiel de la République tunisienne (JORT), la nouvelle Constitution sera publiée au plus tard le 30 juin.
Le mois de juillet risque donc d’être étonnamment prolifique dans les médias tunisiens. Mais pas autant que les prochaines semaines. Car du côté de Carthage, il faut désormais aller très vite pour rédiger le texte en question. Ce n’est que la semaine dernière que le président de la République a nommé un comité consultatif chargé de rédiger une nouvelle Constitution pour une « nouvelle République ». Et c’est le professeur de droit Sadok Belaïd qui a été désigné à la tête de cet organe.
D’ici là, la question de la participation sera centrale. Car, d’ores et déjà, l’opposition appelle au boycott du scrutin. Les partis d’opposition estiment en effet que Kaïs Saïed veut mettre en place un régime présidentiel fort, dans lequel ils n’auront pas forcément leur mot à dire.
Un « dialogue national » très fermé
D’autant que ces mêmes partis ont été exclus, de facto, du « dialogue national » annoncé le 2 mai dernier par le président de la République, qui a préféré s’entourer de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), le principal syndicat du pays, de l’Union Tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA), le patronat, de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) et de l’Ordre national des avocats de Tunisie. Un « dialogue national » auquel l’UGTT a annoncé ne pas participer.
Kaïs Saïed part donc en campagne sans les principales forces du pays — outre l’UGTT, le parti islamiste Ennahdha a été écarté des pourparlers.
Pour battre campagne, Kaïd Saïed se serait entouré d’un autre professeur de droit, Amine Mahfoudh — qui se targue d’être influent au sein du palais présidentiel —, de Mohamed Salah Ben Aïssa et de Sadok Belaïd, donc. Interrogé par une radio nationale, Amine Mahfoudh vise « un taux de participation de près de 40 % » pour le référendum.
Le soutien du président prévoit d’ailleurs, avant l’heure, « la réussite politique du référendum ». Mais l’adoption d’une nouvelle Constitution n’est que le début de la nouvelle République tunisienne. Le 17 décembre prochain, après que la loi électorale aura été révisée — elle aussi fait déjà polémique —, les Tunisiens voteront pour leurs parlementaires.