Au Ghana, Angela Tabiri est une jeune mathématicienne qui s’est imposée dans les revues scientifiques grâce à ses recherches sur les espaces homogènes. Elle dirige aussi une initiative cherchant à promouvoir les mathématiciennes africaines.
La journée du 12 mai est la Journée mondiale des femmes en mathématiques. Elle rend hommage à la mathématicienne iranienne Maryam Mirzakhani, décédée en 2017. Maryam Mirzakhani était la première femme de l’Histoire lauréate de la médaille Fields en 2014 — l’équivalent du prix Nobel qui n’est pas prévu pour les mathématiciens.
Au Ghana, la jeune Angela Tabiri fait des vagues. L’une des rares docteurs femmes en mathématiques du pays, elle cherche depuis son retour au Ghana en 2019 à sensibiliser les femmes ghanéennes aux avantages d’une carrière scientifique. Son initiative, Femafrimaths, a été accueillie très positivement par l’opinion publique au Ghana. Plusieurs femmes scientifiques du pays et de l’étranger en font la promotion. Elles sont aujourd’hui nombreuses à faire des dons pour les écoles, ou à visiter des lycées pour encourager les jeunes filles à choisir un parcours scientifique.
Pour Angela, c’est surtout son côté féministe qui l’a conduit à militer. « Quand j’enseigne, au lieu de ‘Docteur’, les étudiants m’appelaient ‘Madame’. Des collègues ont fait des commentaires sur le fait que je ne pourrais pas fonder une famille et ont dit que je ne me marierais peut-être jamais. Il y a une pression culturelle du type ‘Tu devrais être dans la cuisine’ », raconte la jeune scientifique.
At #femafricmaths, we believe in nurturing the talents of future #mathematicians. #mathsqueen Yolande led the reading group on Hopf algebras seminar @AIMSGhana last week. She was confident and demonstrated understanding of the topic.#womeninstem #womeninmaths #stem #math #Africa pic.twitter.com/2v2JttCkyy
— Femafricmaths (@femafricmaths) December 16, 2019
Angela Tabiri, une locomotive pour les mathématiciennes africaines
Le parcours d’Angela est pourtant la preuve du contraire. Avant de rejoindre la société civile, elle s’est avant tout distinguée par ses recherches en algèbre quantique. Ses recherches, en compagnie de la star du MIT de Boston, Kenneth Stephen Brown, sur les espaces quantiques homogènes, ont ouvert la voie à de nombreuses découvertes. Un papier qu’elle avait publié en 2018 a d’ailleurs été repris par les physiciens et ingénieurs des plus grands constructeurs aéronautiques.
Un an plus tard, Angela Tabiri a obtenu son doctorat à l’Université de Glasgow en Ecosse. Elle est rentrée directement au Ghana où elle a obtenu un poste postdoctoral à l’Institut africain des sciences mathématiques (AIMS). Elle y continue d’ailleurs ses recherches avec ses doctorantes en Science, Technologie, Ingénierie et Mathématiques (STEM), une branche académique très convoitée par les instituts de recherche et sur le marché du travail.
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Elle avoue d’ailleurs : « L’un des défis de la recherche en mathématiques abstraites est de rester motivée. Je me dis que mes recherches permettront de construire la technologie dans 100 ans. J’enseigne également les mathématiques pures à des personnes qui souhaitent devenir ingénieurs et informaticiens. Ils doivent être bien enseignés ».
En tout cas, Angela Tabiri a créé beaucoup de remous au sein de la communauté académique. Mais elle se rend aussi compte du long chemin à parcourir si elle veut égaler son idole, la génie iranienne Maryam Mirzakhani, dont elle arbore un portrait dans son bureau. Angela Tabiri deviendra-t-elle la première africaine et seconde femme à obtenir une médaille Fields ?
May 12th each year is celebrated worldwide as Women in Mathematics Day in honour of Maryam Mirzakhani, the only female winner of a Fields Medal in Mathematics.
You are invited to an event for graduate students by the Mathematical Sciences Research Institute Berkeley @mathmoves pic.twitter.com/kYeKHHEVT3— Angela Tabiri, PhD (@angela_tabiri) May 11, 2022