L’ancien président du Nigéria Goodluck Jonathan a annoncé qu’il ne se présenterait pas à l’élection présidentielle de 2023. L’actuel président Muhammadu Buhari évite le sujet. Mais au sein de la classe politique, tous se préparent pour les primaires qui débutent fin mai.
Au Nigéria, les partis politiques semblent peu préparés à la fin du second et dernier mandat de Muhammadu Buhari. Cela concerne, d’ailleurs, son propre parti, le Congrès progressiste (APC), dont le nouveau président Abdullahi Adamu cherche encore à obtenir un consensus autour de la région du candidat du parti pour l’élection de février 2023.
D’autant plus que les bases de l’APC s’étaient grandement mobilisées pour mettre en avant l’ex-président Goodluck Jonathan, appartenant pourtant à l’opposition, plus particulièrement au Parti démocratique populaire (PDP). Une manière pour l’APC de chercher à former un front imbattable pour 2023. Le PDP et l’APC dominant les deux chambres parlementaires et comptant dans leurs rangs la quasi-totalité des gouverneurs du pays.
Mais surprise : l’ex-président — battu en 2015 — Goodluck Jonathan a annoncé, via son porte-parole Ikechukwu Eze, qu’il ne se présenterait pas aux primaires de la présidentielle. Pourtant, les militants de l’APC avaient acheté pour 300 000 dollars de formulaires de nomination, nécessaires en cas de primaires directes ou indirectes.
Peter Obi candidat unique de l’opposition ?
Dans son annonce, Jonathan assure qu’il n’a autorisé « aucune partie » à procéder à l’achat des formulaires. Des allusions à peine voilées au financement de cette opération couteuse par « l’élite Fulani du nord », en d’autres termes, les groupes de pression qui ont soutenu Muhammadu Buhari.
Les internautes, eux, sont nombreux à se demander si cette polémique autour de la candidature de Jonathan n’était pas, au final, qu’une distraction fabriquée de toute pièce. Selon les médias de l’opposition, les hauts gradés de l’APC cherchent à détourner l’attention de la candidature du gouverneur populaire Peter Obi, probable candidat du PDP et originaire du sud du pays.
Quoi qu’il en soit, les inscriptions pour les primaires de l’APC et du PDP se concluront respectivement mardi et jeudi prochains. Et pour le moment, si les militants du PDP semblent d’accord quant à la candidature de Peter Obi, c’est beaucoup plus compliqué au sein du parti au pouvoir.
Les primaires électriques de l’APC
En effet, plusieurs poids lourds de l’APC se présenteront aux primaires de la présidentielle. Parmi eux, le vice-président Yemi Osinbajo, ainsi que son mentor, l’ancien gouverneur de Lagos Bola Tinubu. D’autres figures imposantes du parti de Buhari préparent leurs troupes. Parmi eux, le ministre du Pétrole Timpire Sylva, mais aussi le gouverneur de la Banque centrale Godwin Emefiele. Les quatre potentiels candidats ont déjà annoncé leurs candidatures, à l’exception d’Osinbajo, qui a tout de même procédé à l’achat des formulaires de nomination.
Avec autant de proches du chef de l’Etat Muhammadu Buhari qui tenteront de remporter la magistrature suprême en février 2023, le refus du président d’annoncer son dauphin s’avère compréhensible.
Pourtant, Buhari a accompli un travail titanesque pour rassembler les représentants régionaux de l’APC autour de lui. Le parti présidentiel avait traversé une crise autodestructrice en 2020, avant que Buhari ne réussisse à convaincre plusieurs gouverneurs — du nord surtout — d’abandonner l’opposition et de se rallier à l’APC.
Avant cela, en 2019, l’APC avait enregistré la première victoire de son histoire aux législatives, bien qu’avec une marge bien maigre par rapport au PDP.
Lire : Nigéria : comment Buhari est en train de s’imposer politiquement
Puis, au niveau des candidatures, l’appartenance ethnique et religieuse des candidats commence déjà à peser au sein de l’APC. Si la candidature de Buhari (musulman) et Osinbajo (évangéliste) avait garanti la paix durant le second mandat de Buhari, les militants sont curieux de connaître également les colistiers des quatre candidats aux primaires de l’élection présidentielle.
We have to stop supporting political candidates based on tribe and religion before Nigeria can move forward.
— YourFavLawyer (@jagganiyu) October 21, 2020