Dimanche, à l’occasion de la Fête du travail, le président ougandais Yoweri Museveni a présenté les grandes lignes de sa stratégie pour lutter contre la flambée des prix du blé.
Ce 1er mai, à l’occasion de la Fête du travail, le président ougandais Yoweri Museveni s’est adressé à ses concitoyens à propos de la hausse des prix des produits de première nécessité. Alors que la plupart des pays de l’Afrique de l’Est connaissent, au bout du premier semestre 2022, un ralentissement de la croissance économique par rapport à l’année dernière, « l’impact du conflit en Ukraine sera amplifié par la hausse du coût des céréales et du carburant », a averti Museveni.
Addressing the NRM Parliamentary Caucus at Kololo Ceremonial Grounds on the issue of high prices for commodities. pic.twitter.com/0tWzBqADB3
— Yoweri K Museveni (@KagutaMuseveni) April 27, 2022
« On se plaint qu’il n’y a pas de pain ou de blé. S’il vous plait, mangez du manioc. Je ne mange moi-même pas de pain », a déclaré le président ougandais. Avant de poursuivre : « Le problème de la flambée des prix des produits de première nécessité comme les carburants et les engrais est créé par nos amis en Europe ».
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A l’avènement de la crise ukrainienne, le président de l’Ouganda avait lancé le nouveau modèle de développement PDM, qui encourage les producteurs locaux de produits agricoles à la production commerciale. Une initiative qui passe par des encouragements financiers à l’investissement et des prêts aux agriculteurs moyennant leur inscription à une norme de qualité homogène avec les exigences du marché national et international.
Un problème « créé par nos amis européens »
Yoweri Museveni s’est employé depuis quelques années à personnifier la consommation, entre autres facteurs du mode de vie ougandais. Par exemple, son appel à la consommation du manioc n’est pas sans rappeler son lancement d’un blog personnel dans lequel il détaille son régime alimentaire qui l’avait aidé, en 2020, à perdre 30 kilos en boycottant le pain blanc et en consommant des produits 100 % ougandais.
« Je mange du manioc, parce que je ne souhaite pas manger la nourriture importée d’Europe ou d’Asie. Je préfère manger notre nourriture, le manioc, les bananes, le millet et les légumes », avait déclaré Museveni en 2020. Le chef d’Etat ougandais avait également publié plusieurs vidéos où il fait du sport, encourageant ses concitoyens à en pratiquer pour éviter les maladies.
Une stratégie qui avait aidé à rapprocher le président ougandais de la jeunesse également. Pour certains analystes, cette communication à la fois pragmatique, dense et sympathique aurait apporté à Museveni son nouveau mandat.
Une certaine fraicheur qui se manifeste également dans l’opposition de Museveni à la ligne diplomatique pro-occidentale très diffuse dans sa sous-région. Loin d’être dogmatique, Yoweri Museveni reste toutefois ouvert aux partenariats à l’international.
« Nous parlons tranquillement avec l’Europe occidentale et la Russie. Nous vous informerons de tout progrès en temps et en heure », a affirmé Museveni ce dimanche.
Une vision économique pragmatique ?
Adressant ses projets pour sortir de la crise des produits de première nécessité, Museveni affirme que le nouveau modèle de développement et une sensibilisation adéquate suffiront à éviter la récession en Ouganda.
« Le modèle de développement PDM devrait donner le coup d’envoi pour, à terme, créer de l’emploi et sortir les Ougandais de la pauvreté, surtout si on sensibilise correctement », assure le président ougandais.
Aux antipodes avec le modèle de développement national, cependant, on retrouve un accord du gouvernement ougandais avec la société Uganda Vinci Coffee Company (UVCC). L’accord récent, donnant à la société l’exclusivité d’achat et d’export du café ougandais a été lourdement critiqué par la presse. Cette dernière le considère un peu trop libéral à son goût.
Paradoxalement, l’Etat ougandais ne cesse de racheter les actifs des entreprises accusées d’exploiter les ressources du pays, sans pour autant s’enclaver économiquement. « Je conseille toujours aux Ougandais d’encourager les investissements locaux et nationaux. Mais il ne faut pas manquer d’enthousiasme quant aux investissements étrangers. Personne ne peut me battre sur l’africanisme, mais je souhaite la bienvenue à tous les investisseurs », affirmait ce dimanche Yoweri Museveni.