Comme le Mali et la Guinée, le Burkina Faso refuse de céder à la pression de la Cedeao et de réduire la durée de la transition, estimée par le gouvernement militaire à trois ans.
Alors que les bras de fer entre la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest et les régimes militaires se poursuivent, la junte du Burkina Faso semble suivre la trace de celle du Mali, bien décidée à ne pas se laisser faire par l’instance sous-régionale qui tente, coûte que coûte, de raccourcir les délais des transitions dans les pays ayant connu des coups d’Etat en 2021 et 2022.
Ce lundi, le gouvernement de la Transition du Burkina Faso, via son porte-parole Lionel Bilgo, a indiqué à l’AFP que « le Burkina Faso est dans une très bonne disposition à entendre les remarques de la Cedeao » mais que « nous n’allons pas sacrifier nos efforts pour ramener la paix au Burkina Faso en courant derrière un calendrier intangible et dont le délai ne tient pas du tout compte des réalités du terrain ».
Et le porte-parole du gouvernement de rappeler qu’avant d’organiser des élections, d’autres projets doivent être mis en œuvre, en termes de sécurité ou d’infrastructures : « Est-ce qu’on est capable, aujourd’hui, alors qu’on ne peut pas faire 150 kilomètres sur notre territoire, d’organiser des élections dans la paix et la quiétude ? Pourquoi mettre en danger des vies humaines alors que notre priorité principale est de sécuriser le territoire burkinabè ? »
Risque de sanctions
Et du côté de Ouagadougou, la décision d’effectuer une transition d’au moins trois ans semble non négociable. « Le Burkina Faso a toujours expliqué à la Cedeao que ce calendrier, qui a été mis en place de façon consensuelle, est un calendrier réfléchi et qui tient compte justement du défi majeur que nous avons et qui est le rétablissement de la sécurité. Si nous arrivons à le faire en dessous des trois années, nous organiserons des élections », a indiqué le porte-parole du gouvernement qui ouvre donc la porte à une nouvelle prolongation de la transition.
On risque donc, ces prochaines semaines, d’assister à une nouvelle bataille entre l’instance ouest-africaine et le Burkina Faso : le 25 mars dernier, lors d’un sommet à Accra au Ghana, la Cedeao avait demandé au gouvernement un « chronogramme acceptable de la transition » après la fuite d’un chronogramme qui prévoyait une transition de trois ans. La Cedeao avait alors menacé le Burkina Faso de sanctions « économiques et financières ».
Désormais, tous les pays ayant vu des militaires prendre le pouvoir ces derniers mois semblent s’accorder sur la même stratégie : alors que le Mali continue de subir les sanctions de l’instance sous-régionale, la Guinée discute elle aussi des futures élections mais a déjà prévenu qu’elle refusait de céder à la « pression » de la Cedeao.