Pierre-Alain Mounguengui a été réélu à la présidence de la Fédération gabonaise de football, malgré les nombreux scandales qui ont émaillé son dernier mandat.
En décembre dernier, le monde du football africain était secoué par les révélations du journal britannique The Guardian. Une enquête accusait en effet la Fédération gabonaise de football (Fégafoot) d’avoir longtemps fermé les yeux sur des agressions sexuelles de centaines de jeunes footballeurs gabonais par un ancien sélectionneur de l’équipe nationale des moins de 17 ans, Patrick Assouma Eyi.
De quoi fragiliser les dirigeants de la Fégafoot ? Romain Molina, co-auteur de l’enquête, assurait en tout cas que ces supposés viols étaient un « secret de Polichinelle au Gabon » et que « personne ne peut arrêter le système ». Du côté du Palais du bord de mer, la réaction avait été immédiate : le président de la République Ali Bongo Ondimba avait jugé « l’affaire est très grave et inacceptable » et demandé à la justice d’ouvrir une enquête.
Passionné de football — il dispose d’une cellule football au sein de son palais —, le président a, depuis, lâché les dirigeants de la Fégafoot, parmi lesquels Pierre-Alain Mounguengui. Pourtant, le président de la fédération était un proche du chef de l’Etat. Mais ce dernier avait demandé à son ami de ne pas briguer de nouveau mandat. Pourtant, samedi, Pierre-Alain Mounguengui a bel et bien été réélu à la tête de la Fégafoot.
Certes, Mounguengui pouvait s’appuyer sur un joli parcours des Panthères du Gabon lors de la dernière Coupe d’Afrique des nations au Cameroun, malgré des conditions de préparation pour le moins chaotiques. Un problème de primes avait envenimé les relations entre joueurs et dirigeants du football gabonais. Enfin, le scandale sexuel qui avait éclaté quelques jours plus tôt semblait avoir été fatal au président sortant de l’instance.
La chute annoncée de Pierre-Alain Mounguengui
Mais le congrès électif de la Fégafoot en a décidé autrement et a offert, sur un plateau, un troisième mandat consécutif à Pierre-Alain Mounguengui. Cette fois, le score a été serré, Jérôme Efong Nzolo ayant été proche de créer la surprise. Mais le président sortant a su manœuvrer pour être réélu.
Et comme pour mettre dans l’embarras ses ex-soutiens, Pierre-Alain Mounguengui a rapidement dédié sa victoire à… Ali Bongo Ondimba. « J’aimerais exprimer la main sur le cœur toute ma gratitude au président de la République, qui m’a accompagné durant mes deux premiers mandats, et à qui je dédie cet ultime mandat à venir », a affirmé le président réélu de la Fégafoot, indiquant donc qu’il ne se représenterait plus. La présidence a tenté, via le ministère des Sports, de s’opposer à la candidature de Mounguengui, qui a utilisé la voie légale pour se représenter.
Des déclarations qui ont choqué au Palais du bord de mer, où l’incompréhension règne. Cette réélection de Pierre-Alain Mounguengui montre que la Fégafoot n’a que trop pris à la légère le scandale sexuel qui l’a secouée en fin d’année. Le patron de la Fégafoot s’est également attiré les foudres d’Ali Bongo, qui fera tout pour le débarquer avant la fin de son ultime mandat.
Outre les scandales sexuels, la Fégafoot est accusée de mauvaise gestion des fonds qui lui sont alloués, soupçonnée de détournement de fonds et d’avoir mal géré la crise sanitaire. En attendant, la réélection de Pierre-Alain Mounguengui montre bien que la fédération n’a pas envie d’entamer sa révolution, le président du football gabonais ayant avant tout défendu ses intérêts personnels, au détriment de l’image de la Fégafoot, déjà bien écornée.