Le vote à l’ONU du Gabon contre l’exclusion de la Russie du Conseil des droits de l’homme n’a pas plu à la France qui demande des explications.
Ali Bongo semble décidément prêt à couper ses relations avec Paris. Après avoir entamé les démarches pour intégrer le Commonwealth, le Gabon connaît de nouvelles tensions avec la France. Le pays d’Ali Bongo, au terme d’une intense opération de lobbying, est devenu en janvier dernier membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies.
Avec l’actualité russo-ukrainienne, ce siège est plus que symbolique. En février dernier, Libreville avait voté en faveur de la résolution condamnant « l’agression » de l’Ukraine par la Russie. Mais, coup de théâtre, lors du vote qui devait décider de l’exclusion ou non de la Russie du Conseil des droits de l’homme, le Gabon a changé son fusil d’épaule et s’est opposé à cette exclusion.
Un message clair de soutien à Moscou dans le conflit russo-ukrainien, alors que l’Occident — Washington, Paris et Berlin en tête — tente de faire pression sur les pays africains pour que ces derniers soutiennent les sanctions contre Moscou.
Mi-avril, le général Thierry Burkhard, chef d’état-major français des armées (CEMA), s’est rendu au Gabon pour faire une revue de ses effectifs. Mais il a été question également, avec le Palais du bord de mer, de la position gabonaise à l’ONU, une semaine après un vote qui a déplu à Paris.
Soutenu par la France à l’ONU, le Gabon s’émancipe
Car le vote du Gabon n’est pas passé inaperçu : seuls trois membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont voté contre l’exclusion de la Russie du Conseil des droits de l’homme, à savoir le Gabon, le Vietnam et la Russie.
Selon Africa Intelligence, l’Elysée a donc demandé quelques explications à la présidence gabonaise, qui n’a pas voulu répondre. Paris ne comprenait pas, déjà le 31 janvier, que le Gabon s’abstienne de voter suite à l’introduction d’une résolution américaine contre la Russie.
Là où le bât blesse, c’est que les relations entre la France et le Gabon s’étaient réchauffées en 2021, malgré la procédure d’adhésion au Commonwealth de la part d’Ali Bongo. Paris avait même était le principal soutien de Libreville pour l’obtention d’un siège au Conseil de sécurité de l’ONU.
Mais depuis, rien ne va plus entre les deux pays frères. « Le Gabonais a une patrie, le Gabon, et une amie, la France », disait Omar Bongo de son vivant. Mais son fils semble déterminé à ne pas prendre à son compte cette déclaration. La convocation par la justice française de plusieurs proches d’Ali Bongo dans le dossier Laccruche Alihanga — l’ex-bras droit d’Ali Bongo, condamné en fin d’année dernière à cinq ans de prison — n’y est certainement pas pour rien.