En plein remaniement gouvernemental, le ministère du Pétrole était scruté par les observateurs. Finalement, Abdessalam Ould Mohamed Saleh a conservé son poste.
Le contrat courait depuis 2016. Et il était, pour la Mauritanie, une source importante de revenus. Mais en février, l’accord d’approvisionnement en produits raffinés, qui avait été une nouvelle fois remporté par Addax, avait été annulé par le ministre du Pétrole, des Mines et de l’Energie, Abdessalam Ould Mohamed Saleh. De quoi placer l’ancien représentant de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour l’Afrique du Nord et le Proche-Orient sur la sellette.
D’autant que le conflit en Ukraine et la flambée des cours du pétrole nécessitait une certaine stabilité dans ce secteur. Or, assurait le ministre du Pétrole, des Mines et de l’Energie lors d’un point presse, Addax avait régulièrement été à l’origine de retards de livraison de pétrole ces dernières années. Abdessalam Ould Mohamed Saleh déplorait également des importations de fioul non conformes aux clauses du contrat qui liait l’Etat à Addax.
Si le ministère du Pétrole, des Mines et de l’Energie a assuré qu’Addax s’est acquitté d’un versement de 9 millions de dollars aux entreprises publiques mauritaniennes, après des négociations entre les deux parties, la rupture de l’accord pourrait faire perdre plusieurs dizaines de millions de dollars à la Mauritanie, notamment à cause de la situation internationale. Abdessalam Ould Mohamed Saleh estimait cependant, en février, qu’une annulation du contrat était prévisible, les recours devant les juridictions internationales ne garantissant pas de résultats positifs pour la Mauritanie.
Poursuivre les discussions avec les fournisseurs
Arrivé en août 2020 à la tête de son ministère, Abdessalam Ould Mohamed Saleh pouvait donc craindre pour son poste, après une année et demie passée à discuter avec Addax. Si le maintien du ministre à son poste a surpris, la présidence estime sans doute qu’il est l’homme idéal pour poursuivre les négociations avec les pétroliers, qu’il a lui-même entamées, pour donner lieu à un approvisionnement normal du marché.
Abdessalam Ould Mohamed Saleh a longtemps discuté avec les dirigeants d’Oryx Energies & Addax. La filiale du groupe suisse AOG avait pourtant cru que la situation se débloquerait favorablement pour elle. Après une brouille due à la fourniture de produits non conformes, Addax avait été accusée d’avoir surfacturé la Société mauritanienne d’électricité (Somelec) et de ne pas assurer à la Mauritanie les stocks négociés.
Or, avec des revenus s’élevant à un milliard de dollars par an en échange de la livraison d’un million de tonnes de fioul, de kérosène, de gasoil ou encore d’essence à destination de la Somelec, de la Société nationale industrielle et minière (Snim) ou encore d’autres entreprises mauritaniennes, Addax se voyait bien trouver une solution à l’amiable. Le groupe estimait, de son côté, avoir été floué et obligé de payer des indemnités de façon injuste.
Et si Oryx a accepté de rembourser à la Somelec une dizaines de millions d’euros, que le groupe a vu, en échange, ses indemnités annulées, et qu’un accord semblait avoir été trouvé avec le ministère du Pétrole, celui-ci a finalement été annulé. De quoi aiguiser les appétits de Trafigura ou Litasco. Sauf que le fameux contrat intéresse de moins en moins les majors du secteur.
Mohamed Ould Ghazouani, qui a récemment prévu un remaniement ministériel, a donc choisi de laisser à son poste Abdessalam Ould Mohamed Saleh. Ce dernier devra cependant encore faire ses preuves. Car après le litige, il lui reste désormais à trouver des solutions viables pour la Mauritanie. Un véritable défi en pleine crise énergétique mondiale.