Quatre soldats de la Légion étrangère française, formant l’équipe de protection rapprochée du général Marchenoir, chef d’état-major de la Minusca, ont été arrêtés ce lundi à l’aéroport de Bangui, en République centrafricaine.
L’arrestation, ce lundi par la gendarmerie centrafricaine, de quatre soldats français aux alentours de l’aéroport de Bangui a provoqué quelques remous dans les plus hautes sphères centrafricaines.
Les quatre militaires, membres de l’équipe de protection rapprochée du général français Stéphane Marchenoir, chef d’état-major de la mission de l’ONU pour la stabilisation en Centrafrique (Minusca), étaient encore au alentours de l’aéroport plus de deux heures après le décollage de leur chef à destination de Paris.
Les militaires arrêtés, d’origines française, italienne, bulgare et roumaine, font partie de la Légion étrangère française. Ils étaient lourdement armés, et se trouvaient à bord d’un 4×4 banalisé blindé. Pendant ce temps, le président de la République centrafricaine (RCA), Faustin-Archange Touadéra, arrivait à Bangui en provenance de Douala (Cameroun). La présence des soldats français a donc suscité la suspicion des gendarmes.
Quelques observateurs sur place ont estimé que les soldats français cherchaient à assassiner Touadéra, ce qui a provoqué leur arrestation. Ce mercredi, les quatre hommes étaient toujours interrogés par les forces de l’ordre.
Pour l’armée française, il s’agit d’une manifestation de « l’instrumentalisation par certains réseaux malveillants et la désinformation grossière à laquelle elle donne lieu ». L’ambassade de France à Bangui, elle, a repris le communiqué de l’armée, en condamnant l’évènement qu’elle qualifie de malheureux « concours des circonstances ».
Il faut dire à la L’ambassade de France à Bangui et à sa Complice la MINUSCA que:
⚫️Le Vol Air Phranse AF3266 a décollé de Bangui à 15h10min avec probablement à son bord le Général Marche–noir Chef D’État Major de la MINUSCA. 15h10min heure de Bangui.
⚫️Le Vol Asky KP34 en pic.twitter.com/j7Mf1wiBD0— Imprévisible 🇲🇱🇮🇪 (@Hadji1006) February 22, 2022
Tensions entre la France et la RCA
Pendant que la Minusca, pour sa part, dément toute « tentative d’atteindre à la sûreté de l’Etat » centrafricain, le parquet a décidé d’ouvrir une enquête. « Le parquet a décidé de l’ouverture d’une enquête régulière pour faire la lumière sur les faits », a déclaré le procureur Laurent Lengande.
Selon un responsable de l’armée française, les soldats arrêtés ont des cartes d’identification de l’ONU. Le commandant de la Minusca, Mankeur Ndiaye, aurait été reçu, ce mardi, par le président Touadéra « afin de traiter le dossier », selon le porte-parole de l’ONU Stéphane Dujarric.
Pour rappel, Paris entretient des relations de plus en plus tendues avec la RCA. Un contexte qui date de 2013. Le départ des militaires français avait précédé l’arrivée du groupe paramilitaire Wagner. La Russie est aujourd’hui solidement implantée en RCA et, depuis l’intervention de Wagner et des forces rwandaises fin 2020, les groupes rebelles sont aux abois. La capitale Bangui a même été désenclavée.
La coopération entre Touadéra et Moscou couvre aujourd’hui tous les secteurs, de l’éducation, la santé et la sécurité, jusqu’aux énergies et à l’infrastructure.
Un contexte qui fâche la France, forcément. Et la réciproque est vraie : le soutien continu de Paris envers le chef rebelle et ancien président François Bozizé, aujourd’hui exilé au Tchad, irrite Bangui.
D’ailleurs, un ancien militaire français qui avait, par le passé, coopéré avec Bozizé, Juan Rémy Quignolot, est détenu en RCA depuis mai dernier. L’espion, arrêté à Bangui et attendant la suite de son procès, est aujourd’hui accusé d’atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat et complot, entre autres.