L’ancien président de la Guinée, Alpha Condé, a quitté Conakry dans la nuit pour se rendre à l’étranger, pour une visite médicale. Quelles garanties ont été exigées par la junte au pouvoir ?
Un mois après que la junte au pouvoir en Guinée a déclaré que l’ex-président serait autorisé à voyager pour des raisons médicales, Alpha Condé a finalement quitté Conakry. Dans la nuit du lundi au mardi, à 2 heures du matin, Alpha Condé a décollé à bord d’un avion en compagnie de son médecin et de deux gardes du corps. Ces derniers feraient également office de représentants de l’actuel président, le colonel Mamady Doumbouya.
En effet, n’ayant pas présenté formellement sa démission, il a fallu plusieurs semaines pour que la mention de « président » soit rayée du passeport d’Alpha Condé. Son départ à l’étranger a aussi fait l’objet de longues discussions entre les autorités militaires guinéennes et son pays de destination.
Ainsi donc, après de longues spéculations, Alpha Condé est finalement parti aux Emirats arabes unis (EAU). Préalablement, Alpha Condé avait proposé la Côte d’Ivoire comme point de chute, ce qui lui avait été refusé. Finalement, entre le Qatar, la Turquie et les EAU, ce sont ces derniers qui se chargeront de l’accueil du président renversé.
En contrepartie, relate Jeune Afrique, Alpha Condé aurait signé un document s’engageant à ne pas s’exprimer en public, et à ce que son séjour aux EAU ne dépasse pas un mois. Un contexte qui n’est pas sans rappeler celui d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), l’ancien président malien. Mais contrairement à ce dernier, Alpha Condé est plus impulsif et a refusé de démissionner. De quoi s’interroger sur les garanties réelles concernant son retour en Guinée.
Les concessions d’Alpha Condé
Alpha Condé se trouvait en résidence surveillée depuis septembre dernier. Accompagné uniquement par son médecin, son épouse et son cuisinier, il avait disparu des radars pendant des mois. Or, en refusant de signer sa démission, l’ancien président guinéen est, à tort ou à raison, encore légitime aux yeux des alliés internationaux de son régime.
Ce qui explique, par ailleurs, sa demande de se faire soigner en Côte d’Ivoire, et son refus par Mamady Doumbouya. Alpha Condé était, durant son mandat, très proche de son homologue ivoirien Alassane Ouattara. Ce dernier lui octroyait aussi une certaine influence à la Cedeao. Et les politiques sociales des deux chefs d’Etat sont très proches, tout comme leurs positions diplomatiques vis-à-vis des pays étrangers.
Mais quoi qu’il en soit, le départ de Condé de Guinée est un signe fort. Un signe qui montre que Mamady Doumbouya a une emprise sur le pays, dépassant de loin le coup d’Etat mené avec quelques centaines de militaires. Et si Alpha Condé ne s’est pas entêté à proclamer sa légitimité ou à s’opposer à la junte, c’est qu’il en est conscient.
Le séjour émirati d’Alpha Condé se prolongera donc pendant deux semaines à un mois selon le résultat de ses examens. Une fois sa hanche soignée, il sera de retour à Conakry. Il aurait également demandé de reprendre son téléphone qui lui avait été confisqué. Mais au vu du contexte de son voyage, cette demande a également été refusée.