L’arrivée de la cheffe par intérim de la mission de l’ONU en Libye, Stephanie Williams, a provoqué des tensions dans la capitale Tripoli. La diplomate américaine veut poursuivre l’agenda mis en place par son prédécesseur.
Après deux jours de blocage, le siège du Q.G. du Gouvernement d’unité nationale a été levé. Anticipant l’arrivée de la nouvelle cheffe de la MANUL, l’Américaine Stephanie Williams, le chef des milices Al-Somood et Fakhr Libya, Salah Badi, avait assiégé le centre du pouvoir tripolitain entre mardi et jeudi.
Le commandant de la milice a publié mercredi soir une déclaration vidéo dans laquelle il menace de saborder les élections prévues le 24 décembre et affirme qu’il expulsera l’envoyée des Nations unies hors de Libye.
Stephanie Williams pousse le bouchon un peu loin
De son côté, la diplomate américaine, ex-bras droit du démissionnaire Ján Kubiš, qui vient donc d’être désignée remplaçante temporaire, s’est déplacée jeudi vers Syrte. Elle y aurait rencontré des responsables militaires de Tripoli et de Benghazi.
Mais alors que la prise de fonctions de Stephanie Williams provoque les milices, que peut-elle espérer accomplir ? D’autant plus que, en libye, les autorités ont refusé de renouveler le mandat de la MANUL, et que l’élection du 24 décembre est pratiquement légalement impossible.
Autre conséquence de l’arrivée de Williams, la Haute commission électorale nationale (HNEC) est revenue sur ses préalables déclarations concernant son « incapacité à publier une liste définitive des candidats ». Le chef de la HNEC, Imad al Sayah, a déclaré aux journalistes jeudi que les préparatifs des élections se poursuivaient comme prévu.
Il « affirme au peuple libyen et aux dirigeants politiques » que son comité « n’ignorera pas son obligation d’organiser des élections libres et équitables, respectant les droits de toutes les parties concernées ». Néanmoins, al Sayah n’a apporté aucune précision quant au report du scrutin ou à sa date.
Bientôt une décision sur le report de l’élection en Libye ?
Les dirigeants de deux des voisins les plus proches de la Libye, le président algérien Abdelmadjid Tebboune et le président tunisien Kaïs Saïed, se sont rencontrés mercredi.
Les deux présidents ont évoqué la Libye. Tebboune a insisté sur le fait qu’il appartenait au peuple libyen de décider de son sort. Le président Saïed, quant à lui, a exhorté les Libyens à voter.
Dans un communiqué conjoint, les deux présidents affirment que la solution en Libye est entre les mains du peuple libyen et que ce dernier doit se débarrasser des mercenaires et des forces étrangères.
Quant au report de l’élection, le parlement libyen doit se réunir dans la ville orientale d’El Beïda au début de la semaine prochaine pour prendre une décision finale. Un rapprochement entre les autorités militaires de l’est et l’ouest ces derniers jours, adoubé par la Turquie et le chef du Conseil présidentiel libyen Mohammed el-Menfi, contribuera sans doute à faire baisser l’animosité entre les belligérants, surtout si la décision de reporter l’élection est annoncée par le parlement de Tobrouk.