L’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis se sont associés aux Etats-Unis et au Royaume-Uni pour s’ingérer dans le dossier soudanais. Dans quel but ?
Dans une déclaration conjointe publiée ce 3 novembre sur le portail du Département d’Etat américain, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, les Etats-Unis et le Royaume-Uni « soulignent l’importance de soutenir les aspirations du peuple soudanais à une nation démocratique et pacifique ». Après le putsch militaire qui a permis au général Abdel Fattah al-Burhane d’écarter les civils du gouvernement initialement composé de civils et de militaires, les quatre puissances étrangères semblent unanimes pour mettre une pression importante sur la junte actuellement en place au Soudan.
« Les manifestations du 30 octobre ont démontré la profondeur de l’engagement du peuple soudanais à faire avancer la transition de son pays, et nous restons déterminés à les aider à réaliser ces aspirations », indiquent les quatre pays qui en appellent « au rétablissement complet et immédiat du gouvernement et de ses institutions de transition dirigés par des civils ». Les USA, les EAU, l’Arabie saoudite et le Royaume-Uni demandent également la libération des prisonniers et la levée de l’état d’urgence.
Inciter Khartoum à signer les Accords d’Abraham
L’avis des pays du Golfe n’est pas une surprise : les Emirats et le royaume saoudien entretiennent en effet des relations étroites avec Abdel Fattah al-Burhane, mais également avec Mohammed Hamdan Dagalo, vice-président du Conseil de souveraineté soudanais. Or, selon le média soudanais Sudan Akhbar, le général Abdel Fattah al-Burhane a déjà donné, à l’envoyé spécial de l’Union africaine à Khartoum, Olson Abu Sango, des garanties : il lui a affirmé qu’il nommerait très bientôt un Premier ministre pour former un gouvernement de technocrates, conduire la transition et mener à « des élections libres et équitables ».
Alors qu’est-ce qui pousse ainsi les Etats-Unis, les Emirats et l’Arabie saoudite à s’immiscer dans ce dossier qui semble déjà sur de bons rails ? Selon le journaliste, spécialiste du Soudan, Eliott Brachet, qui cite le média américain Axios, les Etats-Unis tentent en réalité de faire pression sur les généraux au pouvoir, avec l’aide d’Abou Dabi et de Riyad, pour une normalisation des relations avec Israël. Voilà près d’un an que les USA tentent de convaincre Khartoum de signer les Accords d’Abraham. Si les négociations ont semblé être au point mort, Axios affirme qu’une délégation israélienne était dans la capitale soudanaise il y a quelques jours.
Le coup d’Etat pourrait donc faire l’affaire de l’Etat hébreu et de ses partenaires. Car en entrant dans une série de négociations concernant la transition, Washington va pouvoir négocier plus facilement la normalisation. Fin 2020, les Etats-Unis avaient retiré le Soudan de leur liste noire contre une normalisation des relations entre Khartoum et Tel-Aviv. Un chantage qui n’avait pas forcément permis d’officialiser la signature des Accords d’Abraham, déjà acceptés par Israël, Bahreïn, les Emirats et le Maroc, par le Soudan.