Une cinquantaine de personnalités africaines, des mondes politique et des affaires, ont été épinglées dans une enquête qui révèle une nouvelle affaire mondiale d’évasion fiscale.
Ce dimanche, une enquête du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) a révélé au grand jour plus de 29 000 sociétés offshore et épinglé des personnalités de tous bords : artistes, hommes d’affaires ou politiques. Les 600 journalistes qui ont travaillé sur ce dossier se sont basés sur la fuite de près de 12 millions de documents confidentiels. Parmi les personnalités épinglées, une cinquantaine sont africaines.
Kenyatta, le chantre de la lutte anticorruption
C’est le cas d’Uhuru Kenyatta. La présence du nom du chef de l’Etat kényan est sans aucun doute la révélation la plus surprenante de cette enquête. Car Kenyatta n’a cessé de crier haut et fort vouloir lutter contre la corruption. C’était le cheval de bataille de sa campagne présidentielle. Saut que l’ICIJ révèle l’existence d’une fondation panaméenne à son nom. C’est tout l’entourage du président qui est visé par l’enquête : la mère et les frères et sœurs du président kényan disposent en effet de plus sociétés offhsore et fondations au Panama et sur les îles vierges britanniques.
Lors de la campagne présidentielle, Uhuru Kenyatta avait mis un point d’honneur sur la lutte contre la corruption. Mais à l’époque, il disposait déjà, avec sa famille, de plusieurs sociétés offshore. Certaines d’entre elles ont été fermées depuis, mais d’autres sont toujours actives. L’enquête journalistiques révèle des actifs qui s’élèveraient à 30 millions de dollars, placés entre le Royaume-Uni et Hong Kong.
La Première dame gabonaise et l’évasion fiscale
Autre président en exercice visé par ces révélations : le Gabonais Ali Bongo. Le chef de l’Etat, qui rêve aujourd’hui de rejoindre le Commonwealth, a déjà un pied dans les îles Vierges britanniques. Avec des associés, il détient en effet la société Gazeebo Investments Ltd. Bongo en est l’actionnaire principal, aux côtés de Jean-Pierre Oyiba, son ex-directeur de cabinet présidentiel, et de Claude Sezalory, l’ancien mari de Sylvia Bongo Ondimba. Le président gabonais détient également une autre société, Cresthill Worldwide Ltd. L’enquête n’a pas révélé les activités de ces sociétés, qui sont aujourd’hui toujours actives.
La Côte d’Ivoire n’est pas épargnée par les « Pandora Papers » : le Premier ministre Patrick Achi est cité. En 1998, il est devenu le propriétaire de la société Allstar Consultancy Services Ltd., aux Bahamas. Achi était alors conseiller du ministre ivoirien de l’Energie. S’il a fait en sorte de ne plus voir son nom apparaître sur les documents de cette société, lors de sa nomination au poste de Premier ministre, l’entreprise existe depuis 2006.
Outre les présidents kényan et gabonais, et le Premier ministre ivoirien, on retrouve près de cinquante personnalités africaines ayant des sociétés offshore dans des paradis fiscaux, du président congolais à la famille d’Idriss Déby Itno, en passant par la princesse marocaine Lalla Hasnaa, sœur du roi Mohammed VI. L’ex-ministre tunisien Mohzen Marzouk, l’ex-Premier ministre mozambiquais Aires Ali et le ministre ougandais de la Sécurité, Jim Muhwezi, sont également cités.