Plus de 50 civils sont morts lors des attaques terroristes du 8 août au Mali. Que s’est-il passé dans les villages du cercle d’Ansongo, à la frontière nigérienne ?
Dimanche dernier, des hommes armés ont attaqué plusieurs villages dans l’est du Mali. « Ils ont tiré sur tout ce qui bougeait et tué au moins 51 personnes en représailles à la récente arrestation de plusieurs cadres djihadistes », explique Waly Sissoko, le préfet d’Ansongo. Toutes les attaques ont eu lieu dans la région instable de la « zone des Trois frontières ». Les villages attaqués se trouvent au bord du fleuve Niger, à la frontière nigérienne. Un dernier village a également été attaqué plus à l’ouest, au sud de Gao.
La région attaquée borde la réserve d’Ansongo-Ménaka, connue comme étant l’ancien fief d’Aqmi repris en 2020 par le groupe armé terroriste affilié à l’Etat Islamique, l’Etat Islamique dans le Grand Sahara (EIGS). Le porte-parole des forces armées maliennes (FAMA), Souleymane Dembele, a confirmé ce lundi les attaques mais n’a pas donné de détails. Oumar Sissé, un responsable local, a confirmé que l’offensive terroriste a commencé dans la soirée du dimanche. « La plupart des victimes étaient devant leurs maisons. D’autres allaient à la mosquée », a-t-il expliqué.
Les @Fama_Dirpa sont à pied d'oeuvre, pour rechercher et neutraliser les auteurs de cette barbarie. Maliennes et maliens 🇲🇱 nous devons plus que jamais rester unis, soudés et déterminés, dans cette épreuve, afin de poursuivre notre lutte contre le terrorisme.
— Colonel Assimi GOITA (@GoitaAssimi) August 9, 2021
Barkhane totalement inefficace
Les assaillants sont arrivés à moto et ont surpris les forces de l’ordre sur place. Les attaques ont semblé être clairement planifiées. Le bilan de 51 morts n’est que provisoire, le décompte des victimes se poursuit. Selon les civils de la région, l’arrestation de deux chefs de l’EIGS, qui avaient été dénoncés par les habitants de Ouattagouna et de Karou, serait à l’origine de cette attaque brutale. Le président Assimi Goïta a décrété trois jours de deuil national, en hommage aux victimes.
Les habitants ont quant à eux demandé aux FAMA une protection afin de pouvoir enterrer leurs morts dans le calme. La région est confrontée à la menace des groupes armés terroristes depuis des années. Mais à chaque arrestation de terroristes par l’armée malienne, ce sont les villageois qui sont ensuite visés. Le Mali a déployé des centaines de soldats dans la région, pour éviter un nouveau bain de sang.
Les civils, en revanche, se posent des questions quant à l’efficacité des soldats de Barkhane. Les troupes françaises sont toujours présentes dans cette région du Mali, contrairement au nord du pays où les soldats français commencent à se retirer. Près de 3 000 soldats français et européens sont stationnés, mais c’est bien Bamako qui a dû envoyer des renforts.
De son côté, la Minusma a « condamné les attaques barbares » et dénoncé « des crimes contre l’humanité » qui « devraient être poursuivis par la justice internationale ».
#CommuniquéDePresse – La MINUSMA condamne avec la plus grande fermeté les attaques contre les populations civiles dans la Commune de Ouatagouna #Mali 🇲🇱 #Ansongo #Gao #A4P #ServingForPeace
Lire le communiqué ici 👉https://t.co/8TOkyxjqwO pic.twitter.com/1uS7FiT38N
— MINUSMA (@UN_MINUSMA) August 9, 2021