A Kigali, ce jeudi 5 août, le président rwandais Paul Kagame a reçu son homologue centrafricain Faustin-Archange Touadéra. Kigali s’impose de plus en plus comme le partenaire privilégie de la RCA.
Paul Kagame est-il devenu accro aux visites officielles ? En seulement six semaines, le président rwandais a reçu pas moins de neufs visites de chefs d’Etat à Kigali. Ce jeudi 5 août, c’est le président de la République centrafricaine (RCA), Faustin-Archange Touadéra, qui s’est rendu au Rwanda. Cette multiplication des réceptions officielles montre à quel point Paul Kagame est devenu, de facto, le président africain de référence pour tous les Etats se sentant lâchés par la France.
Pourtant, entre Bangui et Kigali, les relations n’ont pas toujours été aussi amicales que cela. Le président Paul Kagame ne s’était pas rendu à l’investiture de Touadéra en mars dernier et avait préféré envoyer son Premier ministre. Mais le président centrafricain ne lui en a pas tenu rigueur. Il faut dire que, depuis décembre dernier, le Rwanda a disposé des troupes en renfort pour aider la RCA à combattre la rébellion. Le Rwanda a également déployé le premier contingent de Casques bleus africains en Centrafrique.
Un appui militaire dont Kigali a le secret : comme en Mozambique, les troupes rwandaises ont agi rapidement. Satisfaisant pour Faustin-Archange Touadéra, qui n’a pas manqué de remercier hier son homologue : « Nous sommes très satisfaits de la contribution, de la manière dont le contingent rwandais travaille dans le cadre de la Minusca, une force qui est très sollicitée, très demandée par le peuple centrafricain, au regard de leur prestation, des résultats obtenus sur le terrain ».
Kagame rafle des marchés en RCA
Paul Kagame s’impose de plus en plus comme le garde-fou de la région, au niveau militaire : « On nous a demandé de fournir plus de troupes sous la bannière des Nations unies. Nous sommes toujours prêts à le faire parce que nous en avons les moyens et parce qu’on nous l’a demandé. D’un autre côté, les troupes déployées sur le plan bilatéral sont là en renforcement, car l’une peut intervenir plus vite que l’autre », a simplement expliqué le président rwandais.
A écouter le chef de l’Etat du Rwanda, la coopération militaire entre les deux pays ne serait donc pas imposée par l’ONU, mais un effort consenti par Kigali. L’envoi de troupes sur place a cependant un autre objectif pour le Rwanda : développer ses investissement en Centrafrique. Kagame ne s’en cache d’ailleurs pas. Lors de leur rencontre hier, les deux présidents ont signé plusieurs accords dans les secteurs des transports et des mines. La RCA dispose de gisements inexploités, sur lesquels Kigali espère mettre la main.
En mars, une joint-venture a été créée entre l’Office centrafricain de recherches géologiques et d’exploitation minière (Orgem) et la société rwandaise Equatorian Venture. La nouvelle société, baptisée Oko Africa, chercherait actuellement à remporter les marchés centrafricains d’exploitation de coltan et d’or.
Par ailleurs, les deux présidents ont paraphé l’accord de reprise des vols commerciaux entre Kigali et Bangui. Plusieurs projets d’infrastructure verront également le jour en République centrafricaine, sous l’égide de partenaires rwandais. Paul Kagame a avancé habilement ses pions, et Faustin-Archange Touadéra ne semble pas réticent à voir son homologue rwandais devenir un partenaire incontournable.
En suivant la conférence de presse conjointe des présidents @PaulKagame et #Touadera, j’ai vu deux hommes résolument engagés au renforcement des relations bilatérales entre le #Rwanda et la #Centrafrique. Ils ont tout mon soutient. Cette #coopération est bonne pour la #RCA. pic.twitter.com/qy4YZNOZPC
— Christian G. Betty (@GazamBetty) August 5, 2021