Le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, recevait ce mardi le chef d’Etat angolais, João Lourenço. Bilan : 10 accords de coopération signés et 500 millions de dollars d’investissements turcs promis.
C’est pour le moins une fructueuse visite que vient d’effectuer João Lourenço à Ankara, où il a été reçu du 27 au 28 juillet par Recep Tayyip Erdoğan. Alors que la Turquie tisse sa toile en Afrique, l’Angola est un marché relativement nouveau pour le leader turc. João Lourenço voit son pays crouler sous les dettes chinoises, au point où l’Etat n’arrive plus à investir dans le marché local depuis bientôt deux ans.
Ces derniers mois, le président angolais s’est d’ailleurs concentré sur la diplomatie : João Lourenço a participé, aux côtés de son homologue congolais Denis Sassou N’Guesso, à la résolution de la crise tchadienne et a activement désamorcé les hostilités entre la Centrafrique et son voisin du Nord, avant de faire une intervention remarquée au Conseil de sécurité des Nations unies, au sujet de l’immixtion occidentale dans les affaires de la RCA. De quoi placer le président angolais dans un nouvel axe diplomatique. João Lourenço commence progressivement à se situer dans le camp des dirigeants africains qui refusent l’ingérence étrangère. Et de ce fait, il améliore sa position avec la Turquie.
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Recep Tayyip Erdoğan, pour sa part, a décuplé la taille de son dispositif diplomatique en Afrique ces dernières années. L’Angola peut facilement entrer dans les plans du président turc : il s’agit d’un marché local intéressant pour le commerce turc, qui s’appuie généralement sur les consommateurs dans les région dans lesquelles il investit. Alors que le chef d’Etat turc est mis sous pression de l’Union européenne dans la Méditerranée et en Libye, il pousse de plus en plus ses pions en Afrique centrale.
Le secteur public angolais attire Erdoğan
Jusqu’à ce voyage du président angolais, le partenariat entre la Turquie et l’Angola atteignait 176 millions de dollars de volume commercial. Une somme que Recep Tayyip Erdoğan compte tripler. Le contexte national en Angola y est propice. Un programme de privatisation du secteur public initié par João Lourenço en 2018 offre de grandes opportunités pour de nouveaux partenaires. Et forcément, la Turquie espère se positionner. L’Angola est, depuis 2002, sous la coupe d’un monopole chinois, qui cause des tensions socio-politiques que Lourenço ne peut plus ignorer.
Ainsi donc, l’Etat angolais a lancé un appel d’offre dans le secteur pétrolier, à hauteur de 200 000 barils par jour. L’Angola, qui est sur le podium des pays producteurs africains, compte en effet réduire… ses importations pétrolières. Et avec cette volonté politique, de nouveaux gisements feront l’objet de concessions avec, au centre, la raffinerie de Lobito. Les partenaires étrangers lorgnent sur une participation dans cette raffinerie.
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Un autre appel d’offres, bien plus étonnant, a été annoncé par l’Etat angolais le 25 juillet. Il s’agit de la privatisation de l’opérateur Multitel à 90 %. Sur ce marché, la Turquie devra faire face à la fois à la Banque africaine de Développement (BAD) et à l’entreprise publique Angola Telecom. Toutefois, la dérogation accordée par le président Lourenço à Erdoğan fait penser que les sociétés turques se tailleront la part du lion de ce marché estimé à 1,2 milliard de dollars.
Recep Tayyip Erdoğan a d’ores et déjà annoncé qu’il se rendrait sur place. « Après l’Assemblée générale de l’ONU, je me rendrai en Angola avec un groupe d’hommes d’affaires. Nous voulons ainsi lancer une série de visites de haut niveau », a-t-il indiqué. João Lourenço a répondu qu’il voulait, avec ces accords, « rattraper le temps perdu et atteindre des sommets dans nos échanges commerciaux ».