Après une tentative de coup d’Etat à Madagascar, les locaux de Madagascar Oil ont été perquisitionnés. Un accusé aurait demandé de l’aide pour son putsch au patron de l’entreprise.
La tentative de coup d’Etat annoncée par la présidence malgache a pris des allures de scénario hollywoodien. Parmi les six personnes arrêtées, on retrouve deux Français : tous les deux sont d’anciens militaires. Si le premier, Philippe Marc François, est resté un militaire dans l’âme, le second, Paul Maillot Rafanoharana, un ancien gendarme, s’était tourné vers la politique. Devenu conseiller de l’archevêque d’Antananarivo — ce dernier dément cette relation professionnelle —, il était pressenti pour devenir Premier ministre. Quel est alors le lien entre ces hommes qui ont voulu assassiner le président malgache Andry Rajoelina ?
Selon Africa Intelligence, les enquêteurs auraient trouvé un point commun entre le président et l’un des accusés. Paul Maillot Rafanoharana aurait en effet été le conseiller d’une entreprise : Madagascar Oil. Les policiers ont, selon plusieurs sources proches de l’enquête, trouvé dans l’ordinateur de Paul Rafanoharana un e-mail troublant. Dans son message, il demandait à Al Njoo, un businessman canadien patron de Madagascar Oil, de l’argent pour financer son coup d’Etat. Rafanoharana aurait demandé plus de 10 millions d’euros. Mais les enquêteurs, qui ont perquisitionné les locaux de l’entreprise d’extraction de pétrole, n’ont rien trouvé dans les ordinateurs sur place.
Entre Rajoelina et Al Njoo, une relation professionnelle
Madagascar Oil dément tout contact avec Rafanoharana. Madagascar Oil avait, en janvier dernier, décroché un contrat de fourniture de carburant à la société d’électricité malgache Jirama, prenant ainsi une partie du marché du groupe Axian. Entre 2017 et 2019, alors que des contrats avaient été signés entre Jirama, Madagascar Oil et l’Etat, ceux-ci n’avaient pas été respectés. Reste que, dernièrement, des tests sur le pétrole ont été conduits par le groupe pour « faire prospérer la relation entre la parapublique et Madagascar Oil », indique Africa Intelligence.
Cependant, difficile de savoir en quoi une société pétrolière pourrait avoir participé d’une manière ou d’une autre à la tentative de putsch. Le 21 mai 2016, la presse malgache évoquait une rencontre entre le président Rajoelina et Al Njoo. « Le chef de l’Etat miserait sur cet homme d’affaires pour attirer des investisseurs et des capitaux dans la Grande île », indiquaient les journaux locaux. Un mémorandum de coopération entre l’Etat et la société d’investissement Benchmark Group, basée à Singapour, de l’homme d’affaires avait alors été signé sans que l’on n’en connaisse le contenu.
En 2014, Al Njoo Kok Kiong, qui était déjà actionnaire de Madagascar Oil, était associé avec le Français Jean-Christophe Mitterrand. En janvier 2014, alors que Hery Rajaonarimampianina était devenu le président de la République à la place d’Andry Rajoelina, le Canadien avait effectué une visite à Madagascar. Mitterrand et Al Njoo s’étaient déjà rendus sur l’île en avril 2012, sous la présidence de Rajoelina. Mais à l’époque, les deux hommes d’affaires avaient refusé de rencontrer le président de la transition.